Des nouvelles encourageantes ont été fournies par les chercheurs dans leur quête d’un traitement curatif du VIH, lors d’une conférence sur le sida qui s’est achevée mercredi à Kuala Lumpur.
Parmi celles-ci, ils ont évoqué le cas du « bébé du Mississippi » largement médiatisé en mars dernier. Infectée par le virus du sida (VIH) contracté dans le ventre de sa mère, la petite fille avait reçu un cocktail de trois médicaments dès sa 30e heure de vie, et pendant 18 mois, avant d’être perdue de vue pendant 10 mois par les médecins.
15 mois après la fin de sa trithérapie, elle n’a toujours aucune trace détectable du VIH dans le sang.
Autre cas mentionné, celui de deux hommes séropositifs ayant fait l’objet d’une greffe de moelle osseuse qui ne présentent plus de trace du virus respectivement 15 et 7 semaines après l’arrêt de leur traitement.
Ces signes encourageants ne signifient pourtant pas qu’un remède miracle soit à portée de main, ont averti les chercheurs.
Mais ils laissent entrevoir la possibilité d’une disparition complète du virus chez les patients – un objectif encore inimaginable il y a quelques années – ou au moins d’un contrôle durable de la maladie, également appelé « rémission fonctionnelle » ne nécessitant plus la prise quotidienne de traitements antirétroviraux.
« On ne peut pas encore parler de traitement curatif » relève Timothy Henrich du Brigham and Women’s Hospital à Boston qui participe à l’étude sur les greffes de moelle osseuse. « Mais ce que je peux dire c’est que si ces patients peuvent vivre sans virus détectable pendant au moins un an, voire un an et demi après l’arrêt du traitement, les risques d’un retour du virus sont minimes » précise-t-il dans une interview téléphonique à l’AFP.
Apparus à la fin des années 1990, les traitements antirétroviraux ont été progressivement améliorés mais les millions de malades à travers le monde doivent pour l’instant les prendre à vie. Comme le virus subsiste dans des « réservoirs viraux » de l’infection, il peut réapparaitre très rapidement dès que le traitement est interrompu.
Pour Deborah Persaud qui dirige l’étude sur le « bébé du Mississippi », le traitement précoce des nouveaux-nés constitue probablement le meilleur moyen d’éviter que le VIH ne s’installe dans les réservoirs viraux.
Quelque 34 millions de personnes sont infectées par le VIH dans le monde, et 1,8 million en meurent chaque année.
La seule guérison complète officielle reconnue à ce jour est celle de l’Américain Timothy Brown, dit « le patient de Berlin ». Traité pour une leucémie par une équipe allemande, il avait été déclaré guéri après une greffe de moelle osseuse d’un donneur présentant une mutation génétique rare empêchant le VIH de pénétrer dans les cellules.
Aucun des deux patients greffés à Boston n’a récupéré cette mutation, mais ils ont tous deux été maintenus sous traitement antirétroviral jusqu’à ce que les cellules transplantées soient bien implantées dans leur organisme, relève M. Henrich.
Des chercheurs français ont pour leur part présenté deux études à Kuala Lumpur, ANRS Optiprim et Visconti, soulignant l’importance d’un traitement précoce pour contrôler l’infection par le VIH.
« Compte tenu de la baisse importante des réservoirs dans ces deux études, il n’est pas exclu qu’une rémission fonctionnelle, c’est à dire un contrôle prolongé de l’infection sans traitement puisse être à terme obtenue chez les patients traités de façon précoce », relève Jean-François Delfraissy, le directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ARNS).
Les deux études françaises confirment le bien fondé des nouvelles directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui recommande désormais de démarrer les antirétroviraux chez toute personne vivant avec le VIH lorsque le nombre de lymphocytes CD4 est inférieur ou égal à 500 cellules/mm3 de sang, contre 350 cellules/mm3 auparavant.