>> An 18-year-old French woman is in remission from HIV – despite not having taken any drugs against the virus for 12 years.
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Elle a 18 ans, ne veut surtout pas apparaître, ni que l’on donne son nom ni le moindre élément de sa vie. Pourtant, elle vit, dans son corps, une situation exceptionnelle, voire unique au monde. Elle est née séropositive, infectée par le virus du sida. Or, depuis maintenant près de treize ans, alors qu’elle ne suit plus aucun traitement, elle va bien, très bien. Et on ne décèle plus la moindre trace de virus qui circule dans son sang. «Indétectable», comme disent les virologues. Certes, le virus n’a pas totalement disparu, car en cherchant bien dans certaines cellules, on peut en trouver quelques traces. Mais c’est tout. «Elle est en complète rémission», lâche le virologue de l’Institut Pasteur, le Dr Asier Sáez-Cirión. Et à Vancouver, alors que vient de s’ouvrir le congrès international sur le VIH, regroupant plus de 5 000 participants, son histoire clinique a été présentée lundi soir pour la première fois.
Le virus ne se multiplie pas dans l’organisme de cette femme, alors qu’elle ne prend plus de traitement depuis douze ans !
Ce premier cas mondial montre «qu’une rémission prolongée après un traitement précoce peut être obtenue chez un enfant infecté par le VIH depuis la naissance», selon l’étude française présentée par le Dr Asier Sáez-Cirión de l’Institut Pasteur, à la 8e conférence sur la pathogenèse du VIH qui se tient jusqu’à mercredi à Vancouver.
Le concept de rémission à long terme après la prise d’antirétroviraux, soulignant l’importance d’un traitement précoce pour contrôler l’infection par le VIH, avait déjà été mis en évidence par l’étude ANRS Visconti publiée en 2013.
L’observation présentée lundi a été réalisée sur une enfant née en 1996 «infectée en fin de grossesse ou à l’accouchement alors que sa mère avait une charge virale (quantité de virus présents dans le sang) non contrôlée».
L’enfant a été immédiatement traité par l’antirétroviral zidovudine pendant six semaines et diagnostiquée porteuse du VIH «un mois après sa naissance», selon les travaux menés par l’Institut Pasteur, l’Inserm et l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP).
«Deux mois plus tard, et suite à l’arrêt programmé du traitement prophylactique, elle présentait une charge virale très élevée, conduisant à la mise en route d’un traitement associant quatre antirétroviraux» pendant les six premières années de sa vie, a mentionné le Dr Sáez-Cirión.
L’enfant a ensuite «été perdue de vue» par le corps médical et «sa famille a décidé d’interrompre la prise des antirétroviraux».
«Revue un an plus tard» par l’équipe médicale, la petite fille «avait une charge virale indétectable (moins de 50 copies d’ARN-VIH par ml de sang)» et il a été alors décidé de «ne pas reprendre le traitement», a noté l’étude.
Maintenant âgée d’un peu plus de 18 ans, cette jeune femme «présente toujours une charge virale indétectable (…) sans avoir jamais repris d’antirétroviraux».
«Son nombre de lymphocytes (cellules responsables de la mémoire immunitaire contre les maladies, NDLR) CD4 est resté stable tout au long de ces années», ont relevé les scientifiques.
La jeune femme «ne présente aucun des facteurs génétiques connus pour être associés à un contrôle naturel de l’infection», a relevé le Dr Asier Sáez-Cirión en assurant que «c’est le fait d’avoir reçu très tôt après sa contamination une combinaison d’antirétroviraux qui lui permet d’être en rémission virologique depuis aussi longtemps».
L’étude apporte «la preuve du concept qu’une rémission à long terme est, comme chez l’adulte, possible chez l’enfant». Le Dr Sáez-Cirión recommande toutefois de ne pas stopper un traitement antirétroviral en dehors d’essais cliniques, que ce soit chez l’enfant ou chez l’adulte.
Si le cas de la jeune femme «est un fait clinique majeur qui ouvre de nouvelles perspectives de recherche», il est cependant à souligner que «cette rémission ne doit toutefois pas être assimilée à une guérison», a estimé le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, groupement de chercheurs de toutes disciplines sur le sida et les hépatites virales.
«Cette jeune femme reste infectée par le VIH et il est impossible de prédire l’évolution de son état de santé», a-t-il ajouté. Toutefois, ce cas permet de plaider «en faveur d’une mise sous traitement antirétroviral de tous les enfants nés de mères séropositives le plus tôt possible après la naissance».
Avec l’AFP
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>> Doctors have presented the details of her case at an International Aids Society (IAS) conference in Vancouver.
It is the world’s first report of long-term remission from HIV in a child.
Experts say big studies are needed to determine why some patients can continue to control the virus after stopping treatment.
The woman was born in 1996, and was passed HIV by her mother – either towards the end of the pregnancy or during childbirth.
Aged three months, she was given four anti-retroviral drugs.
But her family decided to stop the treatment when she was almost six years old.
Twelve years later, the virus levels in her bloodstream are too low to be measured – although doctors have cautioned that this could change.
Dr Asier Saez-Cirion, from the Institute Pasteur, in Paris, said: « It’s likely that this girl has been in virological remission for so long because she received a combination of anti-retrovirals very soon after infection.
« With this first, highly documented case of this young woman, we provide the proof of concept that long-term remission is possible in children, as in adults.
« However, these cases are still very rare.
« The woman is living normally. Her case is unique but had gone unnoticed, even among clinicians in France. »
Two years ago, a young girl in America – who became known as the « Mississippi baby » – appeared to be free of HIV.
But her remission lasted for just over two years after drug treatment was stopped.
Dr Saez-Cirion has also led research into a group of 14 adult patients known as the Visconti cohort.
They also had no signs of the virus re-emerging, despite stopping medicine. One of the patients has had the virus under control for more than 13 years.
‘Inspiring’
Prof Sharon Lewin, from the University of Melbourne, in Australia, said: « The French teenager case provides strong evidence yet again of the powerful benefits of starting anti-HIV treatment as early as possible.
« This is an inspiring story for those of us working in this field, and for everyone living with HIV. »
Prof Lewin added: « Important though this case is, I strongly believe that to advance our efforts towards finding a cure for HIV, we need large prospective studies that can nail down who might be able to safely stop anti-viral therapy and keep the virus under control.
« A single case report is unable to do that.
« We need to identify a robust test to measure very low levels of virus or find a better way to predict this idea of post-treatment control.
« If we had such a test, this would really help move clinical trials in the HIV cure field forward. »
The French virologist Francoise Barre-Sinoussi, who won the Nobel Prize for identifying HIV, also backed the idea of large studies.
She told BBC News: « We need to try to find other such cases – and find out their markers, to see whether we can predict remission.
« The case of the Mississippi baby was of course very disappointing for the child and her family.
« But we learn as much from the negative as well as the positive data. It shows that the science around HIV is maturing. »