Sihem Souid, ancienne fonctionnaire de la police aux frontières (PAF) d’Orly, auteur d’un livre critiquant certains comportements dans la police, et poursuivie pour violation du secret professionnel, a été relaxée au bénéfice du doute jeudi par la cour d’appel de Paris.
Une peine de six mois de prison avec sursis avait été requise contre elle.
A l’énoncé du délibéré, la jeune femme de 31 ans a hurlé de joie face à la cour, surprise, dont le président l’a invitée à « modérer (ses) ardeurs ».
« Je me suis retenue pour pas vous embrasser », a-t-elle rétorqué.
L’auteur du livre au vitriol « Omerta dans la police », dans lequel elle dénonçait le climat de racisme et d’homophobie régnant selon elle dans son service, était accusée d’avoir transmis des éléments confidentiels à un journaliste, notamment sur le plan Vigipirate ou l’arrivée en France du président américain Barack Obama.
A l’audience le 17 janvier, elle s’était défendue d’être à l’origine des courriers électroniques incriminés, envoyés depuis la boîte commune du secrétariat de son service.
Tant en interne que dans son ouvrage, elle avait dénoncé « des choses qui dérangeaient », avait-elle souligné, notamment des pratiques dans le traitement des arrêtés de reconduite à la frontière d’étrangers en situation irrégulière.
L’un de ses avocats, Me David Lepidi avait évoqué un « montage » contre sa cliente, car « on n’a pas le droit dans la fonction publique de critiquer sa hiérarchie ».
Il avait souligné que l’on ignorait qui avait été réellement à l’origine des envois litigieux, qui n’avaient d’ailleurs été suivis d’aucune publication dans la presse.
« Je veux des excuses publiques de Claude Guéant (l’ancien ministre de l’Intérieur NDLR) », a déclaré Sihem Souid à sa sortie de la salle d’audience.
« Au bout de quatre ans d’un long combat, justice lui a été rendue », a estimé Me Béatrice Dubreuil, qui assurait également sa défense, soulignant que les bruyantes manifestations de joie de sa cliente sont « à la hauteur des souffrances qu’elle a subies ».
Elle a ajouté que Sihem Souid a été victime d’attaques « absolument sordides » de personnes qui ont tenté « par tous les moyens d’anéantir son combat ».
Le fond du dossier n’avait jamais été examiné avant l’audience devant la cour d’appel, le tribunal correctionnel de Créteil qui devait la juger en première instance ayant annulé l’intégralité de la procédure car sa garde à vue avait été jugé irrégulière, mais le parquet avait fait appel.
Sihem Souid avait été suspendue pendant quatre mois après sa garde à vue puis mutée à la préfecture de police de Paris, en obtenant un détachement dans un service d’aide aux victimes.
Puis en 2011, elle avait été exclue plusieurs mois par le conseil de discipline pour manquement à son devoir de réserve en raison du contenu de son livre.
Elle est depuis une dizaine de jours chargée de mission dans un service d’aide aux victimes du ministère de la Justice.