La cour d’appel de Paris a décidé jeudi que Sihem Souid, une ex-fonctionnaire de la police aux frontières très critique envers la police, serait finalement jugée début 2013 pour violation du secret professionnel, tout en reconnaissant la nullité de sa garde à vue.
Sihem Souid s’est fait connaître du grand public après avoir publié un « Omerta dans la police » aux éditions du Cherche-Midi, où elle dénonçait le climat de racisme et d’homophobie régnant selon elle à la police aux frontières (PAF) d’Orly.
Soupçonnée d’avoir transmis à un journaliste des informations confidentielles sur des dispositifs de sécurité aéroportuaire, Sihem Souid avait été « sommée » en juin 2009 de se rendre à l’Inspection générale des services (IGS) par sa supérieure hiérarchique.
Des poursuites avaient été engagées à son encontre pour violation du secret professionnel.
Mais le 18 mars 2011, le tribunal correctionnel de Créteil avait jugé irrégulières les conditions de la garde à vue de Sihem Souid. Dans la foulée, il avait annulé l’intégralité de la procédure et estimé qu’il n’était pas « valablement saisi ».
Jeudi, la cour d’appel de Paris a confirmé la nullité de la garde à vue, mais a considéré qu’elle était « valablement saisie par l’ensemble des autres actes de l’enquête et la citation ».
Par conséquent, elle a fixé le procès de l’ancienne adjointe de sécurité au 17 janvier 2013.
« Cette procédure est une cabale montée de toutes pièces par sa hiérarchie de l’époque. Avec cette garde à vue annulée, le dossier est vide. Je ne vois pas sur quoi la cour d’appel va pouvoir statuer », a réagi l’avocate de Sihem Souid, Béatrice Dubreuil.
Les plaintes de cette jeune femme de 30 ans et de cinq de ses anciens collègues ont conduit à la désignation fin 2010 d’un juge d’instruction chargé d’enquêter sur des faits de « harcèlement discriminatoire » dans cette unité de police en pointe dans le contrôle de l’immigration.
En juillet 2011, Sihem Souid avait été exclue de la police pendant 18 mois, dont 12 avec sursis, pour manquement à son obligation de réserve.
Elle a été réintégrée en janvier 2012 et se trouve aujourd’hui en poste à la préfecture de police de Paris.
Plusieurs de ses anciens soutiens dans cette affaire l’accusent désormais de mensonge. Elle a de son côté porté plainte contre eux pour diffamation, injures et harcèlement.