Le 10 juillet dernier, la Bibliothèque nationale de Singapour s’apprêtait à « supprimer » trois ouvrages pour enfants, au motif qu’ils faisaient la « promotion de l’homosexualité« , supposée aller à l’encontre de sa politique « pro-familiale ».
Il s’agissait des livres « And Tango Makes Three« , une histoire sur deux pingouins mâles qui élèvent seuls et sans maman un poussin, dans le zoo de New York, « The White Swan Express« , qui aborde le propos de l’adoption, notamment par des parents homosexuels, et « Who’s In My Family », qui présente différents types de familles, y compris homosexuelles.
La communauté littéraire de Singapour a fustigé cette décision, dénonçant un « autodafé » et une censure sur fond de tensions croissantes entre des défenseurs de la communauté homosexuelle et des conservateurs religieux.
D’autres mouvements ont suivi, et la semaine dernière, plusieurs centaines de parents se sont réunis à la bibliothèque, avec enfants, pour une séance de lecture collective, en signe de soutien.
Suite à toutes ces protestations, le ministre de l’Information, Yaacob Ibrahim, qui n’était déjà pas très motivé par l’idée de « destruction », vient finalement d’ordonner que les livres soient transférés dans la section des adultes où, s’ils le souhaitent, les parents pourront librement les emprunter pour leurs enfants :
« Nous avons un profond respect de l’écrit dans notre culture et nous avons décidé de nous aligner sur la position du conseil de la bibliothèque nationale et retirer les trois ouvrages en question de la section pour enfants. Nous continuerons à veiller à ce que les ouvrages proposés restent appropriés selon l’âge. »
Le ministre a également rappelé qu’à Singapour, même si la loi n’était pas « activement » appliquée, l’homosexualité était illégale, et passible de deux ans de prison (en vertu d’une disposition du code pénal remontant à la colonisation britannique).
Pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent dans le pays en faveur de l’égalité. Plus de 20.000 personnes s’étaient d’ailleurs rassemblées pacifiquement le 28 Juin dernier pour soutenir les droits des homosexuels, en dépit d’une campagne en ligne acharnée contre l’événement par les conservateurs et religieux.
Parmi les autres livres dans la mire : le dernier volume de la fameuse bande dessinée « Archie Andrews« , un des héros les plus populaires, qui meurt dans l’épisode en sauvant son ami le sénateur Kevin Kell, premier personnage de BD américain ouvertement gay et marié. Un propos bien évidemment considéré comme une « violation des normes sociales locales ».
Terrence Katchadourian
@stop_homophobie
>> Book about male penguins raising a chick and one about adoption are moved to adult sections of libraries after protests
And Tango makes three is a true story about two male penguins in a zoo that raise a chick
Singapore has stopped its national library from destroying two children’s books with gay themes, after an outcry over literary censorship in the tightly regulated city-state.
The information minister, Yaacob Ibrahim, ordered that the books be moved to the adult section, where parents can borrow them for their children, after another title was pulped by the National library board (NLB).
« We stand by NLB’s decision to remove the three books from the children’s section, » Yaacob said on his Facebook page, adding that the board would « continue to ensure that books in the children’s section are age-appropriate ».
Singapore has separately banned a volume of the long-running US comics series Archie because its depiction of a marriage between two men was deemed to breach local social norms.
Government officials insist most Singaporeans are conservative and do not accept homosexuality.
The two books to be moved to the adult section of public libraries are And Tango Makes Three – a true story about two male penguins in a New York zoo that raised a baby penguin – and The White Swan Express, which features children adopted by straight, gay, mixed-race and single parents.
The book that was destroyed is Who’s In My Family?, which discusses different types of families, including gay couples.
About 400 people including parents gathered at a library branch last weekend to read the books to their children as a show of protest.
Sex between men is illegal in Singapore and punishable by up to two years in jail under a provision in the penal code dating back to British colonial rule. The government’s refusal to rescind the law – which is not being actively enforced – has become a lightning rod for a growing movement for gay rights and inclusiveness in the multiracial island nation of 5.4 million.
Yaacob said objections to the destruction of books « reflect a deep-seated respect in our culture for the written word ».
« I have instructed NLB not to pulp the two other titles, but instead to place them in the adult section of the public libraries. I have also asked NLB to review the process by which they deal with such books, » he said.
« The decision on what books children can or cannot read remains with their parents. Parents who wish to borrow these books to read with their children will have the option to do so. »
More than 20,000 people gathered in a peaceful rally on 28 June supporting gay rights despite a fierce online campaign against the event by conservative Muslims and Christians.