L’Église ne doit pas être une « petite chapelle » focalisée sur sa doctrine

Six mois après le début de son pontificat, le pape François a livré sa première interview, publiée vendredi 20 septembre dans la revue des jésuites « Civiltà Cattolica ». Un entretien dans lequel il appelle à la « miséricorde » pour les homosexuels, les divorcés et les femmes ayant avorté. Des propos diversement accueillis par les associations féministes et LGBT.

L’Église ne doit pas être une « petite chapelle » focalisée sur sa doctrine, a estimé le pape François dans une interview accordée à la revue des jésuites Civiltà Cattolica publiée vendredi 20 septembre. Dans ce premier entretien depuis le début de son pontificat il y a six mois, le pape a appelé à « accompagner » les homosexuels et les divorcés dans la « miséricorde ». « Lors de mon vol de retour de Rio de Janeiro, j’ai dit que, si une personne homosexuelle est de bonne volonté et qu’elle est en recherche de Dieu, je ne suis personne pour la juger. Disant cela, j’ai dit ce que dit le catéchisme », a-t-il déclaré. Mais le pape s’est aussi exprimé sur l’avortement appelant les « confesseurs » au « pardon » : « Je pense à cette femme qui avait subi l’échec de son mariage pendant lequel elle avait avorté : elle s’est ensuite remariée et elle vit à présent sereine avec cinq enfants. L’avortement lui pèse énormément et elle est sincèrement repentie ».

« Les femmes n’ont pas à regretter un avortement »

Un discours en rupture avec celui de ses prédécesseurs mais qui n’a pas suffi à convaincre les associations féministes. Pour Julie Muret, porte-parole d’Osez le féminisme, le pape tient toujours « un discours conservateur et réactionnaire ». Et, a-t-elle ajouté, « la miséricorde du pape n’a pas lieu d’être dans un fait sociétal ». Pour Fatima-Ezzahra Benomar, secrétaire générale de l’association Les EfFRONTé-e-s, il ne s’agit que « d’un petit mieux quand le discours reste réactionnaire en général » car, « les femmes n’ont pas à regretter » un avortement. Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Planning familial considère pour sa part que le message porté par le pape « infantilise les femmes plus qu’il ne marque une ouverture ». Seule l’association Ni putes ni soumises y voit des déclarations « timides » mais qui vont « dans le bon sens » même si pour la porte-parole du mouvement « l’Église a encore beaucoup de chemin à faire ».

« Accompagner les homosexuels ça veut dire quoi ? »

Nicolas Gougain, porte-parole du mouvement inter LGBT a pour sa part noté « une inflexion, un changement de cap » mais selon lui « il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que chacun se respecte » : « Accompagner les homosexuels ça veut dire quoi ? Les accompagner vers le célibat ? », s’est-il interrogé. « J’espère quand même que cette parole portera pour marquer les esprits, parce qu’on a quand même passé une année difficile avec une parole homophobe qui s’est libérée ». Clément Borioli, porte-parole de l’association Homovox, une association homosexuelle contre le mariage gay, s’est félicité pour sa part de ces déclarations, estimant qu’elles apportaient « une réponse concrète et directe ». « Le pape invite chacun des catholiques, prêtres, évêques à accueillir les homosexuels dans leur cheminement », a-t-il développé.

Dès le lendemain de la publication de cette interview, le pape a pourtant changé de ton sur la question de l’avortement. Alors qu’il recevait une centaine de gynécologues catholiques au Vatican, il a en effet condamné fermement toute forme d’avortement.

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