Le débat sur la gestation pour autrui (GPA) a été relancé récemment suite à la révision d’une directive du Parlement européen et aux critiques émises par Marion Maréchal, tête de liste Reconquête, en réaction à l’annonce de la paternité du créateur de mode Simon Porte Jacquemus et de son mari. Une enquête conjointe de l’Ifop et de l’ADFH publiée ce jeudi 2 mai révèle cependant une forte adhésion des Français au principe de la GPA, tant pour les couples hétérosexuels (71%, contre 60% en 2014) que pour les couples homosexuels (56%, contre 41% en 2014).
De plus, 72% des personnes interrogées déclarent avoir une bonne image des mères porteuses, contre 64% il y a 10 ans. Néanmoins, une fracture persiste concernant le principe d’une rémunération, rejetée par 61% des répondants aujourd’hui, contre 52% en 2022.
Cette étude souligne une évolution de l’opinion publique, de moins en moins clivée. La loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe est jugée positivement par une majorité de répondants (71%), y compris parmi les sympathisants LR (53%) et RN (64%). Environ deux tiers des Français (68%) estiment en outre qu’un couple homosexuel vivant avec ses enfants constitue une famille à part entière. Une opinion partagée même par une proportion significative d’électeurs RN (60%) et une majorité relative des partisans de Marion Maréchal (48%). Signe que l’électorat nationaliste est sans doute plus progressiste sur ces sujets que ses représentants.
Pour François Kraus, directeur du pôle Actualités/Politique à l’IFOP, ces résultats confirment « le hiatus entre l’opinion des Français sur la GPA, qui y est structurellement de plus en plus ouverte, et le mutisme d’une classe politique qui, à quelques exceptions, ne défend pas cette cause ». Selon lui, cette position pourrait cependant évoluer en fonction du contexte, de la mobilisation sociale et de l’ampleur du débat public sur le sujet.
Notons que certains médias et figures de la droite et de l’extrême droite ont laissé entendre que le Parlement européen avait massivement voté le 23 avril dernier pour considérer la gestation pour autrui comme une « traite d’êtres humains ». La directive criminalise en réalité « les personnes qui forcent les femmes à être mères porteuses ou qui les amènent à agir ainsi par la ruse », et non le principe.