Deux mois après avoir été violemment agressé à Nice à la suite d’un rendez-vous organisé via Grindr, Heddy, militant engagé dans la lutte contre les LGBTphobies, brise le silence et demande une réaction ferme de la part des plateformes de rencontres.
Le 26 janvier dernier, ce jeune homme de 26 ans se rend à un rendez-vous après un échange sur l’application. Mais ce qui devait être une simple rencontre vire au cauchemar. « J’ai senti le piège se refermer », confie-t-il dans un témoignage accordé à France 3 Côte d’Azur. Pris à partie dans une impasse, étranglé jusqu’à l’évanouissement, il est laissé inconscient, blessé, et désorienté.
À son réveil, son corps porte les marques de la violence : contusions, perte de mémoire, douleurs au crâne, et un choc psychologique profond. « J’ai réalisé que j’aurais pu mourir », dit-il aujourd’hui.
Heddy a porté plainte dès le lendemain. Depuis, aucune information ne lui a été communiquée sur l’évolution de l’enquête. Le parquet de Nice a simplement indiqué que les investigations étaient en cours. L’exploitation des images de vidéosurveillance figure parmi les pistes envisagées, mais leur conservation limitée dans le temps inquiète les avocats spécialisés.
Me Caroline Martin-Forissier, avocate au barreau de Paris, rappelle l’importance de signaler explicitement le caractère homophobe d’une attaque dès le dépôt de plainte. « Cette circonstance aggravante est essentielle pour qualifier pénalement les faits », explique-t-elle.
Pour Heddy, cette agression n’a rien d’un cas isolé. Militant de longue date au sein de notre consœur SOS Homophobie, il a recueilli au fil des années de nombreux récits de victimes piégées de la même manière. « Je pensais que ça ne pouvait pas m’arriver. Si moi je l’ai cru, combien d’autres se le disent aussi ? »
Il en appelle désormais à Grindr, plateforme américaine, pour qu’elle collabore avec les autorités françaises en transmettant, le cas échéant, des données utiles à l’identification des auteurs. « Ils disposent de nombreuses informations sur leurs utilisateurs. Ils doivent jouer un rôle dans la prévention et la justice. »
Au-delà de la traque de ses agresseurs, Heddy espère que son témoignage fera bouger les lignes : « Il faut que les applications prennent leurs responsabilités, qu’un partenariat s’ouvre avec les associations et les institutions. C’est un signal que nous attendons depuis longtemps. »