Quand les appels aux Boycotts, pétitions et autres rassemblements font résonances. Pour tenter d’éteindre la polémique née de l’adoption de la loi visant à réprimer la «propagande» homosexuelle, Vladimir Poutine a dû lui-même communiquer pour assurer lundi que les gays seraient les bienvenus aux JO en février.
Tout en inspectant les travaux, Vladimir Poutine l’a officiellement annoncé: les homosexuels seront les bienvenus à Sotchi à l’occasion des Jeux olympiques. «Nous faisons tout pour que les participants et les invités se sentent à l’aise, quelle que soit leur nationalité, leur race ou leur orientation sexuelle», a déclaré lundi le chef du Kremlin, lors de la visite du Comité international olympique (CIO). Ces propos sont destinés à éteindre la polémique née de l’adoption, au printemps par la Douma, d’une loi visant à réprimer la «propagande» homosexuelle. Plusieurs vedettes occidentales, dont l’acteur britannique, Stephen Fry, avaient par la suite lancé des appels au boycott, plongeant les autorités russes dans l’embarras. Le texte législatif – visant officiellement à protéger les «mineurs» de toute «propagande» en faveur des «orientations sexuelles non traditionnelles» – avait provoqué une levée de boucliers au sein de la communauté gay internationale. Moscou pouvait craindre une réédition du scénario des JO de 1980, boycottés à l’époque par une cinquantaine de pays à la suite de l’invasion de l’Afghanistan.
Les sujets de contentieux ne manquent pas
Interrogé par l’Agence France-Presse, le ministre russe des Sports a expliqué «ne pas comprendre» la polémique autour de cette loi. «Il y a tellement de problèmes dans le monde et on se focalise sur ce sujet en lui donnant une coloration politique», regrette-t-il. A Sotchi, les principaux intéressés semblent faire cause commune avec les autorités. «Je suis contre un boycott des jeux qui aura pour seule conséquence de provoquer des réactions agressives à l’égard de la communauté gay. Il faut au contraire que les étrangers homosexuels viennent en nombre à Sotchi, de manière à ce que les Russes se rendent compte que nous sommes des gens très bien», argumente Andreï Tanitchev, gérant du cabaret Mayak, l’un des deux clubs homosexuels de la ville, qui propose notamment des shows transsexuels.
«Cette loi nous a permis d’aborder ce problème qui autrefois était tabou»
Andreï Tanitchev , propriétaire du Mayak
Andreï Tanitchev affirme qu’en matière de mœurs, Sotchi est une ville «plus tolérante que Moscou». C’était déjà le cas à l’époque soviétique» lorsqu’en dépit de la loi qui rendait les homosexuels passibles de l’hôpital psychiatrique, il existait déjà un club gay. «Même cette loi qui interdit la propagande de l’homosexualité a eu un effet positif sur nous car elle a permis d’aborder ce problème qui autrefois était tabou», ajoute le propriétaire du Mayak, qui s’attend à un afflux de clients étrangers lors des JO.
Interpellé il y a quelques semaines par plusieurs chancelleries occidentales, le CIO avait rapidement pris fait et cause pour les autorités russes, s’abstenant lors de leur dernière visite à Sotchi, de soulever ce sujet, au moins publiquement. Néanmoins, d’ici aux prochains JO, Moscou sera exposé au feu des critiques. À l’instar de Vladimir Poutine qui entend faire des JO une vitrine de la modernité russe, les ONG de défense des droits de l’homme attireront l’attention sur l’envers du décor. Des homosexuels aux Pussy Riots, en passant par les immigrés exploités du chantier olympique, les sujets de contentieux ne manqueront pas.
>> Besoin de réagir ? N’hésitez pas à signer la pétition adressée à tous les principaux partenaires et fournisseurs des J.O. pour les inviter à dénoncer la répression homophobe et cesser leur sponsoring : http://www.change.org/fr/pétitions/partenaires-et-fournisseurs-des-j-o-de-sotchi-dénoncez-les-conséquences-des-lois-contre-la-propagande-gay-en-russie
Plus le nombre de noms recueillis sera élevé, plus la probabilité d’une action contre les lois homophobes russes, de la part du Comité international Olympique grandira, c’est pourquoi il est important de signer et de faire circuler les pétitions sans modération.
Avec Pierre Avril