Lorsqu’un joueur drafté s’apprête à intégrer La National Basketball Association, il est aujourd’hui obligé de participer à un programme pour l’aider à faire la transition entre la vie universitaire et celle d’adulte grassement payé. Les rookies apprennent évidemment quelques notions de gestion financière (même si une partie non négligeable de leur salaire est bloquée sur un compte auquel ils auront accès à leur retraite), mais aussi le comportement qui sera attendu d’eux dans la grande ligue. Depuis plusieurs années, ils assistent notamment à des conférences où d’anciens sportifs qui ont connu des problèmes liés à la consommation de drogue ou d’alcool viennent témoigner et les prévenir des dangers d’une vie dissolue.
Jusqu’à très récemment, le programme n’incluait pas la question de l’homophobie pourtant très présente chez les jeunes sportifs américains, qu’ils soient issus de milieux défavorisés ou plus aisés (voir l’histoire de Dalton Maldonado). Sur les playgrounds ou dans des équipes plus organisées, les « faggot », « cock sucker » et autres injures de ce type sont fréquentes et parfaitement banalisées. Une situation problèmatique lorsqu’un adolescent homosexuel fait partie du groupe et souhaite se fondre dans la masse sans être jugé sur son orientation sexuelle. Au plus haut niveau, ce comportement est du coup présent au même titre. Si la plupart des acteurs de la NBA (à l’exception de Mark Jackson et du journaliste Chris Broussard) ont soutenu Jason Collins, le premier sportif US en activité à avoir fait son coming out en 2013, certains n’en pensent pas moins et continuent d’avoir un langage inapproprié ou de considérer la présence d’un gay dans le vestiaire comme particulièrement dérangeante.
En s’appuyant sur Collins, mais également sur des anciens sportifs hétérosexuels, la principale ligue de basket-ball nord-américaine impose donc aux rookies une meilleure compréhension de ce sujet. Chris Herren, l’ex-meneur des Celtics et des Nuggets, et Hudson Taylor, un ancien lutteur venu partager son expérience d’homophobe repenti, ont donc rencontré les joueurs de la cuvée 2015 ces derniers jours.
« Je faisais partie du problème en utilisant des injures homophobes dans le vestiaire. Si on veut que ces jeunes comprennent ce qu’on veut leur dire, on doit d’abord s’adresser à leur côté dominant et créer un espace de sécurité pour qu’ils puissent s’exprimer là-dessus. Ce n’est pas comme s’il s’agissait d’une simple conversation dans un dîner », explique Taylor dans les colonnes de USA Today.
« Les alliés hétérosexuels permettent de changer cette perception. Si on en avait de plus vocaux, on pourrait aller plus vite. Mais peu de sportifs osent s’élever contre ça parce qu’ils ne veulent pas être les gars qui mettent en cause un collègue parce qu’il a sorti un juron anti-gay… », poursuit-il.
Il y a quand même un espoir que les générations les plus récentes soient un peu plus ouvertes d’esprit qu’à l’époque. On se souvient de l’attitude scandaleuse de certains adversaires de Magic Johnson, plus dérangés par les soupçons autour de son orientation sexuelle (à l’époque beaucoup pensaient que le Sida ne touchait que les homosexuels) que par sa maladie à proprement parler. Ou des propos tenus par Larry Johnson ou Tim Hardaway en leur temps, même si ce dernier a ensuite participé à des sessions pour mieux comprendre ce qui n’allait pas dans son comportement et a depuis exprimé des regrets sincères. Charge désormais à Karl Towns, Jahlil Okafor et leurs camarades de promotion de changer la donne.