Quelques pensées et réflexions quant à la relation franco-allemande dans la sphère LGBT+, à l’aune de ma propre expérience de militant.
Le samedi 17 juin dernier, STOP homophobie était invitée par l’association CSD Mittelhessen à la marche des Fiertés de Giessen, en Hesse, dans le centre de l’ex Allemagne de l’Ouest, afin de renforcer l’ancrage européen de nos luttes et solidarités. Avec un mot d’ordre : « Du hast die Wahl für ein buntes Hessen » (en français : « Tu as le choix : Pour une Hesse multicolore »).
A vrai dire, je me suis senti extrêmement fier de pouvoir participer à un évènement qui a regroupé 3000 à 4000 participants, au cœur d’une chaude après-midi ensoleillée, dans une ville allemande de taille moyenne de province, telle que Giessen.
Plus que jamais, au delà des barrières de langue et de culture, par delà l’histoire, ce type d’évènement montre ce qui nous unit et nous réunit, Français ou Allemands, Blancs ou Noirs. Et à l’instar des Fiertés Rurales, avec la Pride des campagnes – dont la deuxième édition parrainée par STOP homophobie se tiendra le 29 juillet prochain à Chenevelles dans la Vienne (451 habitants) – il advient que nous soyons aux côtés des nôtres, y compris dans les territoires où d’ordinaire nous sommes moins visibles.
Ce que je retiendrai donc de cette célébration, c’est d’abord le sens de l’accueil et de l’hospitalité de nos hôtes allemands. Mais aussi le fait que nos territoires périphériques et ruraux, de petites villes et de campagnes, ne manquent pas de jeunes, qui s’engagent et se déplacent en nombre, comme ici, à Giessen.
Enfin, l’Allemagne étant au carrefour de l’Europe, je constate que nos amis d’outre-Rhin ont un tropisme tourné vers les pays voisins, alors qu’en France, la Colonisation a amené notre pays à se tourner très tôt vers d’autres horizons, africains ou américains.
Pour finir, à Giessen, en tant qu’afro-caribéen, j’ai observé à regret que les personnes racisées ne s’empressent pas nécessairement à rejoindre la convergence des luttes, en faveur d’autres personnes modestes, LGBT+, issues de territoires moins urbains, mais j’espère que cela sera amené à changer avec le temps.
Il faut à certains, du temps pour pouvoir s’habituer à de nouvelles formes de mobilisation, dès lors que l’on change de continent.
A présent l’on attend nos amis allemands l’an prochain en France où STOP homophobie les accueillera à bras ouverts.
Moïse MANOËL-FLORISSE