Beth David et Esteban Bravo, 21 et 24 ans, récemment diplômés de l’université d’art et design de Ringling en Floride, souhaitaient réaliser, pour leur projet de fin d’étude en animation informatique, le genre de film qu’ils auraient également aimé voir étant enfants. Alors, en novembre 2016, après réflexion et avoir d’abord envisagé une romance hétérosexuelle, ils ont finalement opté pour une histoire d’amour, « innocente et légère », entre deux garçons, Sherwin et Jonathan.
La thématique n’est pas franchement développée, « surtout dans les films d’animation, majoritairement destinés aux familles et aux enfants. Il est d’ailleurs toujours très rare qu’un personnage LGBT y soit mis en avant », regrette Esteban Bravo sur NBC News. Certaines grosses productions s’y sont dernièrement engagées. Et on pense évidemment à ce fameux « moment gay » de « La Belle et la Bête » en live chez Disney, acclamé par la critique mais censuré en Malaisie, Russie et même dans un théâtre en Alabama, aux États-Unis, qui a considéré la scène comme « inadaptée à un public jeune ».
« Notion préconçue, que nous souhaitions contester et c’est pourquoi nous avons opté pour ce coup de foudre d’un collégien, timide et un peu maladroit, pour son camarade, imaginé à partir de nos propres expériences. Son cœur lui explose littéralement de la poitrine, alors qu’il tente vainement de se contenir. Beth avait évoqué l’idée pour un premier émoi. Mais en transposant le contexte à des adolescents gays, nous avions encore davantage à explorer. Et on a vite réalisé que le projet était tout à fait spécial, et nous avions en plus l’opportunité de palier à ce manque de représentation de la communauté » dans la culture populaire.
Depuis la publication de la vidéo sur les réseaux ce 31 juillet, l’enthousiasme des internautes ne semble pas démentir les réactions déjà favorables, suscitées par le lancement du teaser au printemps dernier.
Plus de 25 millions de vues, des dizaines de sélections officielles et centaines de milliers de commentaires. Et, si certains intégristes crient encore « à la propagande » et « incitation à l’homosexualité », prônant, dans les amalgames, la religion pour exulter leur haine, la majorité apprécie. Ne réprimons pas nos sentiments pour quelques regards réprobateurs.
« C’est complétement fou pour des jeunes qui présentent leur premier film. Nous espérions une résonance positive mais la réponse est au-là », se réjouit Esteban, qui travaille désormais pour les studios « Blue Sky », à qui l’on doit notamment les sagas « l’Âge de glace » et « Rio ».
Depuis la mise en place de la campagne de financement, nous avons reçu tellement de messages de soutien, d’appels téléphoniques, de proches ou anonymes, et même de célébrités pour nous féliciter. « Une nouvelle étape pour le roman LGBT ? Gageons que les géants de l’animation s’en empare. Il faut bien croire que le sujet passionne, même si une partie de la population semble réticente », conclut Beth, vouée à une brillante carrière au sein de la société JibJab, studio numérique de divertissement qu’elle a depuis rejoint à Los Angeles.
Valentine Monceau
stophomophobie.com