Près de deux ans après le drame, l’enquête administrative menée par le ministère de l’Éducation nationale a confirmé que Lucas, 13 ans, a été victime de harcèlement scolaire avant de se suicider à Golbey, dans les Vosges, le 7 janvier 2023.
Selon le rapport, révélé ce mardi 17 décembre, Lucas avait subi des moqueries et insultes, notamment à caractère homophobe, de la part de plusieurs élèves de son collège. Les conclusions de l’enquête pointent également des faits de harcèlement en ligne. Ces éléments, désormais transmis à la justice, alimenteront le pourvoi en cassation engagé par la famille.
Un drame aux répercussions judiciaires
Le suicide de Lucas, un acte d’une grande détresse qui a secoué la France entière, s’était accompagné d’une lettre laissant entrevoir la profondeur de son désespoir. Sa mère, Séverine Vermard, avait dénoncé dès le début les violences verbales subies par son fils. Malgré plusieurs signalements, l’adolescent n’a pas été protégé de manière adéquate par son collège. « Je n’ai pas vu d’action concrète pour arrêter ce harcèlement. Mon fils se sentait de plus en plus isolé », témoigne-t-elle.
En première instance, quatre élèves du collège avaient été condamnés pour « harcèlement ayant conduit au suicide », même si la justice n’avait pas établi de lien direct entre le harcèlement et le geste fatal. En appel, ces adolescents ont été acquittés, un verdict qui a laissé un goût amer chez la famille de Lucas.
« Ce rapport est une avancée pour nous, mais il ne fait que confirmer ce que nous savions déjà. Ce que nous attendons aujourd’hui, c’est que la justice reconnaisse enfin la responsabilité de ceux qui ont permis cette souffrance », a réagi auprès de l’AFP Me Catherine Faivre, avocate de la famille, qui se bat depuis le début pour obtenir justice.
Un appel à l’action
Malgré la reconnaissance du harcèlement par l’enquête, le ministère de l’Éducation nationale a précisé que la question du lien entre le harcèlement et le suicide de Lucas devait rester du ressort de la justice. Mais pour les proches de Lucas, ces conclusions soulignent l’urgence d’une véritable mobilisation contre le harcèlement scolaire.
Après la perte tragique de son fils, Séverine Vermard a créé l’association LUNAH (Liberté, Unité, Non au Harcèlement) pour sensibiliser sur cette cause et lutter contre ce fléau. « Aucun parent ne doit avoir à vivre ce que nous avons vécu. Chaque élève doit se sentir en sécurité à l’école. C’est un droit », a-t-elle affirmé.
Le rapport de l’Éducation nationale vient rappeler qu’au-delà des procédures judiciaires, un changement profond est nécessaire dans les mentalités et les pratiques scolaires pour éviter de nouvelles tragédies. Lucas, comme tant d’autres, ne doit pas être une simple victime de plus. Son histoire, et celle de sa famille, doit être le catalyseur d’un véritable changement dans la lutte contre le harcèlement scolaire.