Suisse : Bientôt des logements réservés aux seniors #LGBT ?

Max*, 70 ans, a eu un AVC il y a quelques années. Depuis, il est paraplégique. Tous les matins, une personne vient chez lui pour l’aider à se lever, se laver, s’habiller et déjeuner. Pour l’instant, Max est très satisfait de ce service, mais il craint le jour où les choses se dégraderont et qu’il devra habiter dans un « EMS » ou un logement pour personnes âgées. La raison? Le septuagénaire a peur d’être discriminé par les autres retraités parce qu’il est gay, écrit dimanche la «Schweiz am Sonntag». «Je ne veux pas devoir cacher mon homosexualité.»

Contrairement à d’autres pays tels que l’Allemagne, il n’existe en Suisse aucune institution pour seniors réservée aux homosexuels. Mais la situation devrait bientôt changer. Mardi prochain, l’association «queerAltern» verra officiellement le jour. Son but: inaugurer d’ici trois ou quatre ans les premiers logements du style pour gays, lesbiennes, bisexuels, transgenres et toutes les personnes qui affirment ne pas être hétérosexuels. Le concept exacte n’a pas encore été élaboré, explique Vincenzo Paolino, membre de «queerAltern». Il s’agira, dans un premier temps, d’élaborer un business plan, d’établir les bases légales et de rassembler le capital nécessaire.

Cacher son orientation sexuelle

L’idée du projet est née en 2012 à la suite d’un sondage effectué auprès de 240 personnes. L’enquête avait révélé que les homosexuels veulent pouvoir passer la fin de leur vie dans endroit où ils sont entourés de gens comme eux. Nombreux sont ceux qui se sentent stigmatisés, notamment par les autres personnes âgées et celles qui habitent dans des régions rurales.

On estime que 10% de la population mondiale appartient à la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). En Suisse, ce sont ainsi près de 143’000 personnes, âgées de plus de 65 ans, qui en font partie. Christoph Bucher, de l’association de soins à domicile Gaynursing, pense que de nombreux seniors en EMS doivent cacher leur orientation sexuelle: «Celui qui fait son coming out risque de se faire exclure ou de moins bien se faire traiter par le personnel soignant.» Selon Christoph Bucher, un nombre grandissant de personnes âgées ressentent le besoin d’accepter et de vivre leur homosexualité. «Nous sommes aujourd’hui confrontés à la première génération de personnes LGBT qui ont vécu ouvertement toute leur vie et qui ont besoin de soins.»

Barbara Lanthemann, secrétaire générale de l’organisation suisse des lesbiennes (LOS), confirme qu’un nombre grandissant de personnes âgées rentrent dans le placard par peur du jugement des autres. «C’est dramatique! Ces gens ont vécu ouvertement leur homosexualité toute leur vie et font marche arrière en vieillissant.» Elle explique par ailleurs qu’il existe encore pas mal d’endroits où les couples homosexuels ont des problèmes à se faire accepter. «Idéalement, il faudrait que tout le monde puisse habiter ensemble. Mais en attendant que le changement de mentalité se fasse, créer des EMS pour la communauté LGBT peut être une bonne solution transitoire.»

*Prénom d’emprunt

20min.ch