Après le refus de Swissmedic d’assouplir les règles à l’égard des HSH*, le conseiller aux Etats Luc Recordon reste déterminé à lever cette discrimination.
Quand on répond par oui à la question (quelque peu surréaliste) «Avez vous eu des rapports sexuels avec un autre homme depuis 1977», le donneur de sang potentiel est automatiquement renvoyé chez lui. Ainsi en va-t-il toujours en Suisse. En juin dernier, Swissmedic, avait repoussé tout assouplissement de cette règle.
L’Institut suisse des produits thérapeutiques s’appuyait principalement sur les statistiques des infections au VIH: 100 pour 1000 chez les homosexuels masculins, contre 3 pour 1000 dans la population dans son ensemble. Il soulevait aussi le problème de la «fenêtre diagnostique» (entre la contamination et le moment où la maladie est détectable par un test) pour justifier ce refus. Verdict: les gays sont globalement considérés comme un risque sanitaire pour les transfusions.
Action parlementaire
Dossier clos ? Pas pour Luc Recordon. Dans «20 Minuten», le sénateur écologiste estime qu’il s’agit «catégoriquement d’une discrimination à l’égard des gays». Pour lui, «la question n’est plus à débattre: les gays devraient pouvoir effectuer des dons de sang». Le Vaudois entend interpeller le Conseil fédéral à ce sujet lors de la session parlementaire d’automne ou d’hiver, et au besoin, à déposer une motion parlementaire.
Il peut compter sur le soutien d’élus ouvertement gay sous la Coupole. Celui qui se protège correctement, ne présente pas de risque particulier, estime ainsi le conseiller national ouvertement gay Martin Naef (PS/ZH): «Au lieu de condamner les gens à cause de leur orientation sexuelle, on devrait plutôt leur demander s’ils ont une conduite à risque.»
Le conseiller aux Etats socialiste Claude Janiak (BL) relève l’absurdité de la situation : «On se plaint qu’il n’y a pas assez de dons, et on exclut en même temps tout un groupe de donneurs potentiels.» Et le Bâlois de rappeler qu’il y a deux ans, avec d’autres parlementaires, il avait voulu donner son sang. «Pour ce faire, j’avais effectué au préalable un test VIH et je l’avais amené avec moi, raconte-t-il. Mais je n’ai pas été autorisé à effectuer un don.»
«Protéger les bénéficiaires de transfusions sanguines»
Du côté de Swissmedic, on se défend de toute discrimination. La seule préoccupation de l’institut, souligne Daniel Lüthi, son porte-parole, est de «protéger les bénéficiaires de transfusions sanguines aussi bien que possible.» Quant à la Croix-Rouge suisse, l’établissement chargé des dons et des transfusions, elle affirme avoir les mains liées par la décision de Swissmedic, après avoir envisagé un timide assouplissement des règles à l’égard des hommes homosexuels, en 2011.
Source : 360.ch