La science et ses dernières expériences offrent un éclairage inédit sur cette question en cinq points dans un documentaire réalisé par Thierry Berrod « Homo ou hétéro, est-ce un choix ? » diffusé ce mardi 24 mars.
L’homosexualité n’est pas une maladie
C’est une évidence que rappelle d’emblée le documentaire: l’homosexualité, n’est pas une maladie. On n’en «guérit» pas, elle ne «transmet» pas. L’homosexualité est d’ailleurs retirée le 17 mai 1990 de la liste des maladies mentales de l’Organisation mondiale de la santé. Le documentaire montre que chez d’autres espèces animales, les pratiques homosexuelles sont courantes: caille, girafe, bonobo, vache, taureau… Et pour comprendre, on va jusque mesurer des testicules des boucs homos et hétéros!
«L’homosexualité est une orientation sexuelle normale», insiste ainsi le psychiatre et anthropologue Philippe Brenot, interrogé dans le documentaire et auteur du livre Homo ou hétéro, est-ce un choix?
C’est le premier documentaire en France consacré à ce sujet. Le terrain n’y était pas favorable avant? «Comme pour la théorie du genre, en France, tout devient politique et idéologique, on n’essaie pas de faire la part des choses. Pour certaines populations, l’homosexualité relève de la perversion. Ce n’est pas par ignorance. On ne peut pas leur reprocher, car il n’y a pas eu de documentaire qui analyse les raisons de l’homosexualité», pointe Thierry Berrod. «Je pensais que l’homosexualité était plus acceptée aujourd’hui, relève Philippe Brenot. Mais la Manif pour tous a été un révélateur: un tiers de la population ne comprend pas ce qu’est l’homosexualité.»
Le documentaire aborde toutes les hypothèses qui expliqueraient l’orientation sexuelle. Hypothèses physiologiques: les gays auraient des hémisphères droits et gauches plus symétriques, de même que les femmes hétéros. Culturelles: mère trop présente, père trop effacé. «Mais le lien n’a jamais été démontré», remarque Thierry Berrod. Alors, peut-être une différence de sensibilité aux phéromones? L’une des recherches s’interroge aussi sur l’hérédité. Car une partie du déterminisme de l’homosexualité pourrait être d’origine génétique. Mais pas seulement. Car dans le cas de vrais jumeaux, il y a seulement 50% de chances que si l’un est homo, l’autre le soit aussi.
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Des Etats-Unis plus décomplexés sur la génétique
Le réalisateur a dû se tourner vers les pays scandivanes et les Etats-Unis pour les recherches sur la génétique. «Aux Etats-Unis, la communauté gay accepte davantage l’explication biologique. Chez nous, la génétique, ça fait peur en raison notamment de notre histoire liée à la Seconde Guerre mondiale. En France, on s’intéresse davantage aux facteurs culturels. Mais la réalité des causes est entre les deux, entre l’inné et l’acquis. Tout s’influence», estime Thierry Berrod. «En France, l’homosexualité a été expliquée par la psychanalyse. Mais ce modèle de la psychanalyse ne fonctionne pas vraiment», ajoute Philippe Brenot.
L’homosexualité féminine, le grand flou
Ce qui est certain, c’est qu’il existe très peu d’études sur les causes de l’homosexualité féminine. «C’est le flou le plus total. Il semblerait que les influences culturelles joueraient un rôle plus important chez elles», estime Thierry Berrod. Dans une partie du documentaire, qui rappelle furieusement la série Masters of sex, des chercheurs recueillent les réactions des femmes hétéros à des films porno où il y a des hommes et des femmes. «Il semblerait qu’il y ait beaucoup plus de facilité pour une femme hétéro à être bisexuelle», note Philippe Brenot.
En video. Philippe Brenot nous explique les théories scientifiques et sociétales qui peuvent expliquer l’attirance pour le même sexe :