Ils piégeaient des hommes gays via des sites de rencontres, pour les dépouiller ensuite et parfois violemment, derrière la piscine de Survilliers. Des « copains d’enfance », cinq prévenus, âgés de 22 à 29 ans, qui ont été condamnés ce 26 avril par le tribunal correctionnel de Pontoise pour une série d’agressions commises en mars et avril 2015, indique leParisien. « Une vingtaine identiques, voire une trentaine », selon les enquêteurs et certains prévenus, avec parfois une gazeuse, une batte de base-ball ou un sabre pour intimider. Mais en l’absence de plainte et aucune victime ne s’étant par ailleurs présentée à l’audience pour ne pas s’exposer, cinq faits ont été retenus au terme de l’instruction judiciaire, dont « l’association de malfaiteurs ».
Valentin P., 23 ans, qui est ainsi apparu comme l’instigateur de la bande, même s’il avait d’abord tout nié, a écopé de 5 ans ferme. Le procureur avait requis 7 ans, rappelant que le jeune homme était le plus impliqué. Il a notamment pourvu aux « armes » et « acheter les puces téléphoniques » utilisées pour « organiser les contacts » mais qui auront également permis de remonter les pistes. Malgré un CAP de cuisine, son « milieu familial défavorable » l’a incité à « replonger dans la violence ».
La première victime « officielle », recueillie par les pompiers le 12 avril 2015, s’était vue délivrer 15 jours d’incapacité par le médecin de l’unité médico-judiciaire.
Mais « ce n’était pas une question d’homophobie », a-t-il assuré : « Des hétéros ne seraient pas venus. On ne prenait pas une voix de femme. Les homosexuels étaient les seules personnes à qui on pouvait faire ça. Notre but n’était pas de les frapper mais de prendre l’argent . »
Deux de ses complices, les « gros bras », ont écopé de trois ans ferme. Un quatrième, dont le tribunal a relevé l’altération de son discernement, a été condamné à 3 ans, mais 2 avec sursis et mise à l’épreuve. Et un dernier, « guetteur » sur une agression, mais qui s’est manifestement rangé et travaille depuis comme chauffeur de poids-lourd, a été condamné à une peine de 18 mois ferme mais « aménageable ».
En ouverture de son réquisitoire, le procureur a insisté sur le caractère homophobe des agressions, contesté par la défense mais finalement retenu par le tribunal. « C’est le mobile et la motivation », a-t-il défendu. Tandis que les avocats des accusés ont plaidé pour leur « sens pratique » : « On confond la vulnérabilité des victimes et l’orientation sexuelle. Celle-ci leur était indifférente », a confié Me Belkheir. « Il était juste plus facile pour contacter les victimes, plus simple, de s’adresser à des homosexuels. »
Joëlle Berthout
stophomophobie.com