L’intervention de Sylviane Alaux, la députée de la 6e circonscription, dans le cadre des discussions sur le Mariage pour tous à l’Assemblée nationale, a surpris. Lors de son discours, dans la nuit de mercredi à jeudi, elle a tenu à évoquer, succinctement, son propre fils. « Il vit avec l’homme qu’il aime. Il a choisi la liberté de dire, d’affirmer, de montrer ce qui fait son bonheur. Et de le vivre. » Au lendemain de son intervention, la Cibourienne revient sur ce qui l’a poussé à parler de son cas personnel.
Dans votre intervention, pourquoi avoir choisi d’évoquer l’homosexualité de votre fils ?
Sylviane Alaux. J’avais dans l’idée que cela pourrait servir d’exemple. Les homosexuels sont nos frères, nos sœurs, nos parents, nos amis, nos enfants. Tout le monde est concerné de près ou de loin. Et si on ne l’est pas aujourd’hui, on le sera demain. Moi, je sais de quoi je parle. C’est une réalité et il faut la voir en face. Je l’ai délibérément souligné, dans l’Hémicycle, à gauche comme à droite, des gens sont intimement concernés.
Vos détracteurs y voient surtout une façon de vous mettre en avant…
Je n’ai pas cherché à me faire de la pub. C’est encore un sujet tabou, quelque chose que l’on tait dans bien des familles. J’ai voulu dire que mon exemple personnel n’était qu’un exemple parmi d’autres. Il n’était pas question d’étaler ma vie privée. J’aurais pu prendre celui d’un voisin, d’un ami, mais j’ai préféré prendre un exemple que je connaissais personnellement. Cette allusion à mon fils ne fait que quelques lignes dans un discours de plusieurs pages, je ne veux pas que l’on retienne seulement ça.
C’est pourtant précisément ce qui suscite les commentaires depuis hier. C’est ce passage, pour son caractère personnel, qui a entraîné deux députés de l’opposition à formuler un rappel au règlement de l’Assemblée nationale…
Oui, et d’ailleurs ce rappel n’était pas dans les clous. Claude Bartolone (NDLR, le président de l’Assemblée nationale), a tout de suite recadré les choses. Ce qu’il faut retenir, c’est que cela permet de débattre de tout cela de façon plus concrète. Nous sommes des hommes et des femmes. Le législateur ne doit pas toujours être dans l’abstrait.
Votre fils savait-il que vous parleriez de lui ?
Bien sûr. J’hésitais à le faire, jusqu’à ce que je lui en parle. Il m’a dit : « Si tu le sens, fais-le » À partir de là, je n’ai plus hésité.
Et après le discours ?
Il m’a envoyé un texto où il avait écrit « bravo et merci ». Tout simplement.
Avez-vous reçu beaucoup de messages ?
Je ne m’attendais pas à ce déferlement. J’avais à peine fini de parler que j’ai commencé à recevoir des tas de messages de remerciements d’inconnus qui étaient là, au milieu de la nuit, devant leur écran en train de regarder les discussions à l’Assemblée. Ça m’a ému.
Votre fils projette-t-il de se marier ?
Je ne sais pas. C’est son problème. On en a même jamais parlé ensemble. Ce qu’il fait et ce qu’il veut faire demain ne regarde que lui. Je suis juste pour l’égalité des droits. Que les homosexuels puissent avoir le choix. Qui sommes-nous pour leur interdire d’être libres, pour leur interdire des droits ? Je ne veux pas parler davantage de ma vie personnelle. Je le répète, plutôt que de citer un cas abstrait, d’un hypothétique voisin ou ami, j’ai cité le mien. Punto.
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Par Raphaëlle Gourin