Divorcés remariés, unions homosexuelles, concubinage, un résumé des travaux du synode montre que l’Eglise catholique est en plein questionnement pour « comprendre dans leur complexité la réalité des familles » et offrir une vision « pragmatique » de la famille.
Le Vatican estime dans un document présenté lundi, à mi-parcours du synode, que les homosexuels « ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne », signe d’un changement de ton notable même si l’Eglise ne revient pas sur sa condamnation des actes homosexuels et son opposition au mariage gay.
Sans surprise, les organisations catholiques de défense des droits des homosexuels ont salué un progrès et les groupes conservateurs ont crié à la trahison des valeurs traditionnelles de la famille.
Dans le document « La Relatio post disceptationem« , présenté dans la matinée par le cardinal Peter Erdö, rapporteur général de l’assemblée, il est dit que « la question homosexuelle se présente comme un défi éducatif important » aux yeux de l’Eglise catholique.
Le document se pose d’autre part la question de savoir si l’Eglise est « en mesure d’accueillir ces personnes en leur garantissant un espace de fraternité » et si les communautés peuvent les accueillir « sans compromettre la doctrine catholique sur la famille et le mariage. »
Ce document doit servir de base aux discussions de la seconde semaine du synode, qui a été convoqué par le pape François et réunit au Vatican 200 évêques sur le thème de la famille. Il doit aussi servir à la réflexion des catholiques du monde entier en vue du synode prévu l’année prochaine.
Il est dit en outre que « les pères synodaux devront réfléchir sérieusement sur comment élaborer des chemins réalistes de croissance affective et de maturité humaine et évangélique en intégrant la dimension sexuelle ».
PLUS DE MISÉRICORDE
Les pères synodaux ont par ailleurs réaffirmé que « les unions entre des personnes du même sexe ne peuvent pas être assimilées au mariage entre un homme et une femme. »
« Sans nier les problèmes moraux liés aux unions homosexuelles, il faut noter qu’il existe des cas où l’entraide, jusqu’au sacrifice, constitue un soutien précieux à la vie des partenaires », lit-on également dans La Relatio.
Pour John Thavis, spécialiste du Vatican et auteur d’un best-seller -« Les dessous du Vatican »- en 2013 sur le sujet, le document publié lundi est ni plus ni moins « un séisme » en ce qui concerne l’attitude de l’Eglise vis-à-vis des homosexuels.
« Le document reflète clairement la volonté du pape François d’adopter une attitude pastorale plus miséricordieuse sur les questions du mariage et de la famille », dit-il.
L’une des plus anciennes organisations catholiques de défense des droits des homosexuels, QUEST, basée à Londres, a déclaré dans un communiqué que certaines parties du document synodal « représentent une avancée, en ce qu’elles reconnaissent que de telles unions ont des qualités intrinsèques et représentent une contribution de valeur à une société plus ouverte et au bien commun ».
Pour l’organisation catholique américaine New Ways Ministry, il s’agit aussi d’une « grande avancée ».
John Smeaton, cofondateur du groupe conservateur Voice of the Family, est loin d’être du même avis, estimant que « ceux qui contrôlent le synode ont trahi les parents catholiques du monde entier ». Pour lui, il s’agit de « l’un des pires documents officiels élaborés dans l’histoire de l’Eglise ».
Un certain nombre de participants au synode, qui se tient à huis clos, sont d’avis que l’Eglise devrait mettre un bémol à son vocabulaire lorsqu’elle condamne les homosexuels, et éviter des formules comme « intrinsèquement désordonnés » utilisées à leur encontre.
Il s’agit de l’expression qu’avait utilisée Benoît XVI, le prédécesseur de François, dans un document rédigé avant son élection au trône de Saint-Pierre, alors qu’il était encore le cardinal Ratzinger et le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Avec Tom Heneghan; Eric Faye pour le service français du nouvelobs