Une fédération d’organisations de catholiques homosexuels, qui s’est constituée ce week-end à Rome, a adressé lundi un courrier aux participants du synode sur la famille, les invitant à à « ne plus avoir peur des personnes LGBT ». Expression maintes fois martelée par Jean-Paul II, et qui fait également référence à une injonction biblique dont on relève trois cent soixante-cinq occurrences dans les Écritures :
« Chers soeurs et frères au synode sur la famille, salutations du tout nouveau Global Network of Rainbow Catholics », annonce le courrier publié sur la page Facebook du GNRC : « Nous vous écrivons pour vous encourager pour votre rassemblement synodal, ainsi que pour les mois et les années à venir, afin que nous puissions tous commencer à (…) découvrir de nouvelles façons de célébrer la famille ».
« Ces dernières années n’ont pas été une partie de plaisir », rappelle le GNRC. « Beaucoup dans notre Eglise ont pensé servir Dieu en nous haïssant, et certains le pensent encore, en particulier au sein de la hiérarchie ».
« Mais nous pouvons quand même vous dire avec joie que nous avons maintenue vivante notre confession catholique ! Nous avons gardé la foi sous les persécutions et nous sommes prêts à nous unir à vous dans l’annonce joyeuse de l’Evangile…
Nous savons par expérience à quel point beaucoup d’entre vous ont peur de communiquer avec nous, mais nous avons prié pour vous à chaque messe de notre rassemblement, et nous vous demandons de prier pour nous, confiants que nous pourrons bientôt nous rencontrer dans la joie et la transparence », conclut le courrier.
Entré lundi dans le vif des débats, le synode sur la famille a été marqué samedi, par le « coming out » d’un prêtre polonais, qui a été diversement apprécié au sein du GNRC.
Monseigneur Krzysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (organisme romain chargé de veiller au respect et à la cohérence de la doctrine), a en effet révélé être homosexuel et avoir un compagnon, qu’il a d’ailleurs présenté à la presse un peu plus tard dans la journée.
Par cet acte « spectaculaire », le père Charamsa souhaitait pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels et à « comprendre que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ». Mêlant deux questions distinctes (l’homosexualité et le célibat des prêtres), il a eu des mots très durs pour dénoncer ce qu’il a qualifié d’« homophobie institutionnalisée de l’Eglise ». « Je demande pardon pour toutes ces années où j’ai souffert en silence devant la paranoïa, l’homophobie, la haine et le refus des homosexuels, présents au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est le cœur de l’homophobie dans l’Eglise », a-t-il déclaré.
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Le Vatican n’a pas tardé à sanctionner ce collaborateur. « Une démarche aussi retentissante à la veille de l’ouverture du synode est offensive et irresponsable, a déclaré son porte-parole, le père Federico Lombardi. De fait, elle tend à opérer une pression médiatique sur l’assemblée synodale. » Le père Charamsa a aussitôt été relevé de ses fonctions auprès du Saint-Siège.
« Cela a relancé le thème de la place des personnes LGBT dans l’Eglise », a expliqué à l’AFP Andrea Rubera, porte-parole du GNRC. « Mais c’est également un coup de poing en pleine face pour la curie et cela risque malheureusement de braquer la partie la plus conservatrice ».
Les prélats ont jusqu’au 24 octobre pour en débattre, date à laquelle ils se prononceront sur le rapport qu’aura rédigé une commission de dix d’entre eux, choisis par le pape.
avec l’AFP