L’artiste de 26 ans aurait été assassiné par les autorités tchétchènes en raison de son homosexualité, selon ses proches et plusieurs militants. Une version que le pouvoir continue de démentir.
Zelimkhan Bakaev était à Grozny, la capitale tchétchène, dont il est originaire, pour assister au mariage de sa soeur.
Il a été arrêté par la police moins de trois heures après son arrivée. Ses proches ont ensuite reçu un message via l’application WhatsApp provenant de son téléphone, pour leur expliquer « qu’il était à Moscou et s’apprêtait à s’embarquer pour l’étranger ». Depuis, le silence est total !
Des vidéos mettant en scène un jeune homme, présenté comme Zelimkhan, ont également été partagées par un inconnu sur les réseaux et relayées par plusieurs médias tchétchènes, dont la chaîne officielle des autorités GroznyTV.
Les extraits le montrent dans un appartement censé se situer à Berlin, en Allemagne. Son entourage récuse. Et l’analyse des séquences a permis de déceler plusieurs incohérences. Les meubles notamment dans la vidéo sont uniquement fabriqués en Russie, tout comme la nourriture et les boissons posées sur la table. Et Zelimkhan a changé de coiffure et perdu beaucoup de poids.
Sa mère a signalé sa disparition à la police le 18 août et réclamé l’ouverture d’une enquête, que le ministère tchétchène de l’Intérieur a refusé.
Début avril, le journal russe indépendant Novaya Gazeta a révélé une campagne de répression des homosexuels dans cette république russe du Caucase, allant jusqu’à inciter les familles au meurtre pour « laver l’honneur ». « 300 à 400 » personnes auraient ainsi été détenues et torturées dans des prisons secrètes et autres lieux non officiels en raison de leur orientation sexuelle présumée. Plusieurs dizaines de rescapés ont été « exfiltrés » vers d’autres provinces et pays étrangers, dont la France, avec « visa humanitaire et asile garanti ».
Que fait la justice ? La Cour Pénale Internationale semble encore s’interroger, malgré les poursuites, pour « génocide » depuis mai 2017, et multiples témoignages, dont celui de Maxime Lapounov, 30 ans, première victime à s’être exprimée publiquement et à visage découvert, sur ces violences perpétrées.
Arrêté le 16 mars dernier par des personnes en civil et emmené vers un poste de police, il a passé 12 jours dans une cellule, battu en permanence pour le contraindre à révéler encore d’autres noms de gays, ces « démons » qu’il fallait éradiquer. Il se souvient des « cris et demandes de grâce » des autres détenus.
Mousse, IDAHO France et STOP homophobie ont déposé plainte devant la CPI. Votre soutien est essentiel pour nous permettre de poursuivre au mieux nos actions. Faites un don, adhérez aux associations, nous avons besoin de tou·te·s.