Vladimir Poutine s’est déclaré vendredi « prêt à soutenir une enquête officielle » concernant les persécutions d’homosexuels, ou « ce que j’appellerai des rumeurs, à propos des gens qui auraient une sexualité non traditionnelle dans le Caucase », a-t-il estimé, après sa rencontre avec la médiatrice russe des droits de l’Homme et la visite d’Angela Merkel qui lui avait demandé d’intervenir. D’autres condamnations ont précédé et les témoignages de victimes continuent de scandaliser les presses internationales. Mais, selon le président tchétchène, tout ceci n’est que pure calomnie, « il n’y a pas de gays dans son pays ! » Il assure néanmoins de sa collaboration aux investigations.
Le magazine russe libéral Snob, a pourtant recueilli cette semaine de nouveaux récits de rescapés, qui rapportent également arrestations de masse et détentions extrêmes dans des prisons où sévissent meurtres et tortures. Et quand les victimes sont libérées ou s’en échappent, ce sont les familles qui s’en chargent. « On les expédie dans ces endroits d’où l’on ne revient plus », avait d’ailleurs ironisé le porte-parole de Ramzane Kadyrov. Les policiers tchétchènes semblent effectivement inviter les parents et proches « à laver leur honneur dans le sang. Ils disent aux parents de tuer leur enfant ! »
Un jeune gay de 17 ans a ainsi été jeté d’un balcon du 9ème étage par son oncle, après avoir été « évincé ». C’est un fugitif, ex-filtré dans l’urgence en Russie, qui raconte l’histoire, citant son Mollah. Il venait de confier qu’il était homosexuel. « L’érudit religieux » a évoqué ce crime, pour avertissement, après lui avoir interdit l’accès à la mosquée, « ou de revenir dans ce quartier. »
« En tant que Tchétchène et en tant qu’homme, je ne veux plus vous voir ici. Partez maintenant, parce que tout ce que vous venez de me dire est la chose la plus répugnante que je puisse découvrir. J’espère que vos proches auront plus de dignité pour remédier à votre cas. »
Le jeune souhaite garder l’anonymat par peur des représailles. Un autre survivant explique qu’un de ses amis a été torturé pendant près de deux semaines. Puis les autorités ont convoqué ses parents et ses frères pour leur demander s’ils voulaient s’en occuper directement. Ça devait rester en famille : « Il a été abattu et enterré dans la forêt » sans autre sépulture.
Christophe Devillemarie
stophomophobie.com