L’élection surprise du «modéré» Hassan Rohani ne devrait pas améliorer le sort des minorités sexuelles. Beaucoup de LGBT auraient toutefois voté pour lui comme un «moindre mal».
La fin de l’ère Ahmadinejad, et de ses provocations contre les homosexuels et l’Occident «immoral», est sans doute accueillie avec soulagement par les LGBT iraniens. Mais qu’est-ce qui les attend maintenant? Vendredi, Hassan Rohani, l’unique candidat estampillé «modéré», l’a emporté au premier tour du scrutin, avec plus de 51% des voix. Une bonne nouvelle? Parmi la diaspora gay iranienne, interrogée peu avant le scrutin par le site britannique Gay Star News, le mollah de 64 ans, ancien négociateur sur le nucléaire, ne suscite aucun enthousiasme. Au contraire, les homos iraniens s’attendent à un maintien de la répression et des exécutions.
Pouvoirs très limités
«Quand bien même il voudrait améliorer les choses pour les LGBT, il en serait incapable – il ne pourrait même pas abolir la peine de mort pour les gays», explique Amir, un gay réfugié en Australie. Le président jouit d’une autorité limitée en Iran. Le réel pouvoir est entre les mains du Guide Suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, et du Conseil des gardiens de la révolution, une instance religieuse non démocratique, ainsi que de l’armée. «Pour les queers iraniens, rien ne va changer tant que le régime islamique est en place, ajoute Arsham Parsi, de Iranian Railroad for Queer Refugees, une association d’aide aux requérants d’asile LGBT. Accepter les droits des queers irait à l’encontre de leurs croyances fondamentales.»
Gorji Marzban, fondateur de l’Oriental Queer Organisation, basée en Autriche, est tout aussi pessimiste. «Rohani est un traditionaliste, et donc pas un espoir pour la communauté LGBT en Iran. Cependant, la majorité des jeunes, ainsi qu’une part de la communauté LGBT, ont décidé de voter Rohani en réaction, afin de manifester leurs demandes de dignité, de liberté et de droits humains.» Voter Rohani, résume Arsham Parsi, «c’est le seul moyen de garder l’espoir».
Questions LGBT absentes du débat
Durant sa campagne, Hassan Rohani s’est distingué des autres candidats en se disant favorable un dégel des relations avec les Etats-Unis, et une attitude plus pragmatique sur le nucléaire. Cette question stratégique est à l’origine des sanctions internationales qui ont mené le pays à une situation économique désastreuse. Rohani est, par ailleurs, apparu plus flexible sur les questions d’égalité entre les sexes. Par contre, les thèmes de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre sont restés absents de la campagne. «La persécution des LGBT iraniens est seulement un aspect d’un système tyrannique plus vaste et systématique, rappelle pour sa part le militant britannique Peter Tatchell. Toute la société civile est sujette à de sévères restrictions et à une répression qui s’est intensifiée à l’approche de la présidentielle.»