En partageant son tweet pour célébrer la légalisation du mariage pour tous aux États-Unis, Bahram Radan, surnommé le « Brad Pitt iranien », savait qu’il s’attirerait les foudres des autorités. Et ça n’a pas manqué. Le lendemain, le journal conservateur « Kayhan », dont le directeur est nommé par l’Ayattolah Ali Khamenei « en personne », critiquait violemment le commentaire de l’acteur, exigeant du gouvernement son placement sur « liste noire », de façon à l’écarter définitivement du monde du cinéma.
Le même jour Bahram Radan effaçait son message. Mais cela n’a pas empêché les autorités de l’interroger. Et, vingt quatre heures plus tard, le journal publiait une lettre dans lequel il demandait pardon, affirmant que l’homosexualité était « inacceptable, immorale et non-islamique ».
Mais les artistes sont souvent plus malins que la censure. Et, le 1er juillet suivant, Radan publie cette fois-ci sur son compte Instagram, une photo extraite de l’un de ces films où son personnage est tenu en joue par un homme armé en uniforme. Pour les internautes iraniens, le message est clair : Radan a signé la lettre d’excuse sous la menace. Surtout que le film en question raconte l’histoire d’un jeune couple contraint de s’enfuir pour pouvoir vivre leur amour, la famille du garçon étant particulièrement religieuse et contre son union. Malheureusement, il va mourir tragiquement, à la frontière avec la Turquie, alors qu’un policier iranien crie au couple de revenir sur leur terre, dans leur pays !
Et le personnage de Radan de répondre : « Quelle terre ? Quel pays ? Le pays où l’amour est interdit ? Ce pays qui pousse les jeunes à se faire lyncher par la foule ? »
Selon une critique de cinéma à Téhéran, il semble que les autorités ont réagi rapidement compte tenu de l’influence de l’acteur, qui « plus que n’importe quel autre activiste, serait susceptible de briser le tabou », indique france24.com : « Mes sources m’ont confirmé que ce n’est pas lui qui a écrit cette lettre. Il a seulement dû la signer après l’interrogatoire. Il a pris de gros risques, c’est probablement la fin de sa carrière. Et on parle de contrats de millions de dollars. Et, vu la photo qu’il a choisi, il semblerait qu’on ait menacé plus que sa carrière. »
On ne peut que soutenir à notre tour Bahram Radan.
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