Condamné à quatre ans de prison, libéré après un an et demi, Joseph (prénom d’emprunt) continue à nier son homosexualité. Il ne croit pas en la dépénalisation qui pourrait conduire à une révolte urbaine dans un pays qu’il qualifie «d’homophobe».
«On m’a tendu un piège pour me détruire», assure celui qui jouissait d’une certaine notoriété auparavant. «Comme le Sénégal est un pays homophobe, ils ont sauté sur l’occasion.»
A-t-il été pris sur le fait ou lui a-t-on réellement tendu un piège, la situation vécue confirme néanmoins les difficultés rencontrées par les homosexuels au Sénégal. «On m’a insulté, traîné dans la boue. J’ai perdu toute ma vie…» À partir du moment où il a été rangé dans la case homo, la vie de Joseph a viré à l’enfer. Ce qui l’a conduit à cette situation: les déclarations d’une personne avec qui il aurait eu des relations – «un étudiant qui avait demandé à me rencontrer» – et qui se serait plaint de violence. «Mais c’est le policier qui lui a dit de donner cette version.»
Face à la justice sénégalaise, Joseph affirme que son procès a été expédié. «Il fallait faire un procès sur l’homosexualité. Quand j’étais à la barre, le juge m’attaquait et ne me posait pas de question.»
Aujourd’hui, il a été libéré sans explication après 18 mois de prison: «Un beau matin, ils m’ont laissé rentrer.»
Homosexuel ou pas, Joseph a vécu les brimades, les jugements, la prison. «Dans la peau de», il a pu mesurer le sort réservé à cette communauté. «C’est une tragédie car je connais leurs peines. Ils sont rejetés par leur famille. Ils sont obligés de vivre cachés comme des rats, il y en a qui sont lynchés.» Au point de prendre la route de l’exil. «Ils sont nombreux à avoir quitté le pays: ils sont en Espagne, au Maroc.»
Joseph doute d’un avenir plus serein. «Ça va être pire car il y a l’influence “ maraboutique ”, un esprit très conservateur. Si le Sénégal dépénalise, on va brûler la rue. Car il y a un regard extrêmement violent.»
Avec lavenir.net