Série de portraits d’afro-caribéens gay, régulièrement stigmatisés au sein de leur communauté, en raison de leur homosexualité. Originaire de Haïti, c’est seulement à 40 ans que Johnny a accepté son homosexualité. Le quadragénaire, très croyant, a refoulé son attirance pour les hommes durant de nombreuses années. Aujourd’hui, c’est un homme qui assume ce qu’il est.
Corps athlétique. Muscles saillants. A première vue, Johnny est loin des clichés dont les homosexuels sont victimes en général. Ni ses gestes, vêtements, manières, ou voix, ne permettent, ne serait-ce d’insinuer qu’il est homosexuel. A 40 ans, Johnny parait en avoir 20, et passerait même facilement pour un étudiant.
Arborant des tresses, le quadragénaire originaire de Haïti, a pourtant mis du temps à accepter tel qu’il est. Lui, est un réservé, un introverti. Le genre de personne qui ne se révèle pas aux premiers abords, et ne parle que lorsque c’est nécessaire. Si certains homosexuels parlent sans tabou de leur orientation sexuelle, ce n’est pas le cas du quadragénaire qui vit en banlieue parisienne. Très croyant, il va régulièrement à l’église. Et durant des années de sa vie il a essayé de refouler son homosexualité. « Je lai refoulé pendant des années. Je me demandais sans cesse pourquoi j’étais différent des autres », raconte-t-il.
Peur du regard des autres
Johnny a aussi longtemps ressenti la peur. La peur d’être regardé différemment par les autres, d’être stigmatisé. Le jeune homme confie même parfois avoir ressenti du dégoût vis-à-vis de lui-même à cause de son homosexualité. Même au travail, Johnny était hanté par son orientation sexuelle. Pour celui qui est fonctionnaire à la poste, certains jours était très difficile à vivre. « J’avais tout le temps peur que mes collègues découvrent mon homosexualité. Je ne voulais absolument pas qu’ils le sachent, de peur d’être ensuite pointé du doigt ». S’il s’est battu longtemps contre lui-même, il ne fait pourtant pas de doute que Johnny a su très tôt qu’il préférait les garçons.
C’est en colonie de vacances, alors qu’il était encore un tout petit garçon, qu’il a eu une révélation. « J’avais sept ans, et j’ai senti que j’étais attiré par les garçons ». Il va pourtant tout faire pour se convaincre qu’il ne l’est pas. Sans succès. « Je n’ai pas choisi d’être homosexuel. C’est comme ça et puis c’est tout », affirme le jeune homme. « Au fond, je l’ai toujours su que je l’étais, c’est que je ne voulais pas l’accepter. Avec le temps, j’ai compris que je ne pouvais rien y faire, que c’était en moi et que je devais arrêter de refouler ce que je suis ».
Johnny a eu des aventures, mais elles n’ont pas toutes abouti. Il admet avoir une préférence pour les hommes virils, qui sont toutefois cultivés. En ce moment, il est célibataire. Il est donc à la recherche de celui qui partagera sa vie.
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