Témoignage : « Je vais vous rappeler l’histoire des droits des homosexuels »

Homosexuel, Damien participe chaque année à la Marche des fiertés de Paris, plus connue sous le nom de Gay Pride. Dans une précédente tribune publiée sur le Plus de l’Obs, Pierre, lui aussi homosexuel, expliquait qu’il ne se reconnaissait pas dans cette manifestation. Damien a tenu à lui répondre dans une lettre ouverte, en lui rappelant l’histoire des droits des homosexuels.

Cher Pierre Noureev,

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre tribune sur le site du Plus de l’Obs. Je respecte votre choix, chacun est libre d’émettre un avis. La liberté d’expression est un des fondements de notre constitution.

Je vais donc vous donner le mien, en vous racontant une petite histoire qui relate les origines de la Gay Pride .

L’origine ? Des émeutes dans un bar gay

Celle-ci est née sous l’impulsion de Brenda Howard, connue comme la « mère des fiertés ». Cela faisait suite aux émeutes de Stonewall en juin 1969, un bar gay de New York, suite aux descentes incessantes de la police et aux arrestations avec tabassages en règle.

Un groupe de lesbiennes, gays, bisexuels, travestis et transsexuelles se rebellèrent contre l’oppression policière des forces anti-émeutes et manifestèrent pendant plusieurs jours.

Brenda Howard organisa la Christopher Sreet Libération Parade le 28 juin 1970 à New York, puis à San Francisco et à Los Angeles.

La Gay Pride, également appelée « Marche des fiertés », était née.

Montrer ses orientations sexuelles

Pour faire mentir l’adage que pour vivre heureux, il faut vivre caché, les participants des diverses Marches des fiertés affichent sans complexes leurs orientations sexuelles.

Ces marches sont ouvertes aux gays, lesbiennes, bisexuels, travestis, transsexuelles, mais aussi aux hétérosexuels revendiquant la liberté sexuelle et l’égalité des droits pour tous.

Parallèlement, un conseiller municipal de San Francisco, Harvey Milk, s’oppose, en 1977, à la proposition 6 d’un projet de loi qui aurait autorisé le licenciement des enseignants ouvertement homosexuels. Il a payé son engagement de sa vie puisqu’il a été assassiné le 27 novembre 1978. Il avait prédit son assassinat et aurait dit :

« Si une balle devait traverser mon cerveau, laissez-la briser aussi toutes les portes du placard. »

En 1982, l’homosexualité n’est plus un délit

En France, la première Gay Pride se déroula en 1977, mais c’est le 4 avril 1981 qu’a eu lieu la véritable marche. Quelques jours après, le candidat à la présidence de la République François Mitterand s’engage et déclare :

« Personnellement, je n’accepte pas que les attentats à la ‘pudeur’ homosexuels soient réprimés plus sévèrement que les autres. »

Engagement qu’il honorera l’année suivante, ce qui conduisit à la dépénalisation de l’homosexualité et ceci suivant le ministre de la Justice Robert Badinter, le 27 juillet 1982.

L’homosexualité n’est donc plus un délit.

Être libre d’afficher sa différence

Voilà pour la grande histoire. Pensez juste un instant à toutes ces personnes dans le monde – Russie, Irak, Ouganda et tant d’autres – qui militent au péril de leur vie pour pouvoir vivre au grand jour leur différence et avoir un Marais pour pouvoir s’y rencontrer.

Chacun est libre d’afficher sa différence comme il le souhaite, dans la tenue de son choix. Ce qui fait notre richesse, c’est cela : nous sommes un tout, les cuirs, les travestis, les associations LGBT…

Croyez-vous que l’homophobie disparaîtra si nous supprimions la Gay Pride et autres manifestations, pour pouvoir vivre sans souci notre différence ? Je vous laisse juge de tout cela.

Je ne vous raconterai pas mon parcours, il ne concerne que moi et mes amis. Je ne parle qu’au nom de toutes et de tous pour la liberté des choix de chacun d’afficher sa différence.

Voilà Pierre Noureev , j’espère que vous lirez ma tribune avec autant d’attention que j’ai lu la vôtre. Je vous souhaite d’avoir une vie aussi belle que la mienne.

PS : sur la photo, c’est moi.

Par 
Militant