« J’espère que mon témoignage donnera un peu de baume au cœur ou du courage à d’autres… »
Je m’appelle Valentin. J’ai lu pas mal de témoignages de gens pour lesquels vivre son homosexualité n’est pas facile voir impossible, alors je me suis dit qu’une histoire plus heureuse rétablirait un peu la balance en ces heures ou l’obscurantisme essaye de faire son come-back. Et puis si ça peut donner un peu de baume au cœur ou du courage à d’autres…
En effet, je n’ai jamais eu de problèmes. J’ai toujours su que j’étais attiré par les garçons, mais j’ai vraiment compris ce que cela signifiait pendant le lycée. Je n’en parlais pas pour autant car, je n’en connaissais pas d’autres dans mon cas, et surtout car j’étais dans un petit lycée de campagne où tout le monde se connait, et ce n’est pas forcément un milieu tendre. Il y avait des rumeurs, des questions, mais je restais vague et répondais avec humour. Le premier à qui j’en ai parlé est mon meilleur ami. Il a été génial, car même s’il subissait de pleins fouets les rumeurs me concernant (ses parents sont allés jusqu’à croire qu’on sortait ensemble), il me soutenait et rigolait avec moi de la situation. Un type en or quoi.
Puis la fac, l’indépendance, la grande ville, les premières rencontres, tout ça tout ça. Mais jamais de problèmes dans la rue. Des regards tantôt attendris, tantôt choqués, ou pas de regard du tout. Rien d’insurmontable. Et si on me demande, je n’hésite pas à dire que je préfère les garçons, parce que je m’en fous de l’opinion des autres et j’aime voir les réactions de surprises car apparemment je ne « fais pas gay ». Je ne suis pas du genre à le crier, mais j’aime monter au créneau quand je croise des manifestations pour tous et compagnie, que j’entends des « je ne suis pas homophobe, j’ai un ami gay ». Les « je n’ai pas de problème avec les gays, mais si mon enfant l’est je serai triste » m’agacent au plus au point. C’est de la bêtise pure et dure.
Mais pour citer un grand film français : « les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait ».
Pour ce qui est de la famille, aucun souci. L’indifférence totale, aucun changement. J’ai lâché le morceau à 20 ans, quand un soir mes parents m’ont demandé si je sortais avec le garçon avec qui j’étais à l’époque et avec qui j’allais emménager. Ma mère, qui cherchait avec moi un appartement m’a juste répondu « t’es chiant t’aurais pu le dire avant, ça change tout, ça m’aurait évité de chercher un appartement avec deux chambres pendant tout ce temps ! ». Un discret « Oui, c’est vrai t’es bête. » de la part de mon père et l’affaire était réglée. Puis le « Tu sais, que ce soit un garçon ou une fille, on se gênera pas pour te le dire si on ne l’aime pas ». Rassurant n’est-ce pas ? Tout va bien.
Mon petit frère s’en fiche royalement (on se fait souvent des réflexions sur nos conquêtes respectives haha), et ma grand mère s’inquiète uniquement du fait que je trouve un copain bien élevé qui sera capable de l’écouter raconter ses histoires (elle parle beaucoup ma mamie), et qui surtout sera gentil avec moi. Elle serait fière de me voir me marier dans notre petit village du sud et je sais qu’elle en parle à ses copines de bridge et qu’elle les envoie bouler si des remarques désagréables viennent sur le tapis.
Donc voilà pour ma petite histoire. Rien de triste, rien de tragique. J’aimerai pouvoir dire que ce n’est pas une chance, que ma famille est normale et que la situation est banale mais « malheureusement » pour d’autres, je me rend compte que j’ai beaucoup de chance. Je m’excuse pour ceux dont les parents ne sont pas ouvert d’esprit car je critique des gens que je ne connais pas et je ne sais pas ce que je ferai si mes parents étaient comme ça. Mais personne ne devrait avoir à choisir entre ses parents et sa vie sentimentale et ça me met en colère.
Valentin.
>> Merci Valentin pour ce témoignage. Et tu n’as pas à t’excuser d’être heureux même si tout le monde n’a pas cette chance.
Propos recueillis par Joêlle B.
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