Invitée ce vendredi 3 juin sur France Bleu Toulouse, Marie-Claude Farcy, élue au conseil départemental de la Haute-Garonne, a livré son sentiment de mère. Il y a cinq ans, le plus jeune de ses trois enfants lui a confié qu’il est gay. Il mettra un an avant de le révéler ensuite à son père de peur d’être rejeté. Depuis elle s’est engagée contre l’homophobie.
Il y a cinq ans, mon fils de 19 ans m’a montré un bracelet qu’il portait et il m’a dit « Tu sais Maman, ce n’est pas une fille qui me l’a offert, c’est un garçon ». C’était sa façon de me dire qu’il était homosexuel. Il était à ce moment-là très fatigué, ça a été compliqué d’autant plus qu’il a ensuite mis plus d’un an pour le dire à mon mari, son père. C’est la preuve que ce n’est pas parce qu’on a des parents aimants qu’on arrive à leur dévoiler son homosexualité. Cela m’a bouleversée. Il n’arrivait pas à le dire à son père, et moi je ne voulais pas le trahir. Je suis restée dans ce silence pendant un an car pour lui, cet aveu était insurmontable. Finalement, c’est notre médecin de famille qui a dit à mon fils « Vas-y fais-le, dis-le ». Et il l’a fait.
Et comment a réagi son père, votre mari ?
Très bien ! C’est la projection de notre fils qui était compliquée mais mon mari lui a répondu « Tu sais je m’en doutais un petit peu ». Un an d’attente pour cela ! Nous aimons notre enfant, il le sait et malgré cela, c’est difficile et tabou.
Comment expliquez-vous que des parents rejettent leur enfant à cause de leur différence ?
Tout parent que nous sommes, nous nous projetons sur nos enfants. On imagine des enfants magiques, merveilleux, polis, qui ne poseront pas de problème, qui feront des études, aimables…. et hétérosexuels comme Papa et Maman, comme ses frères et sœurs. la réalité ce n’est pas ça ! La réalité est que les enfants sont pénibles, ne rangent pas leur chambre, ne font pas les études rêvées. La réalité est complexe, comme nous.
La Gay Pride dérange certaines personnes encore visiblement….
J’ai fait le constat que les amis de mon fils ont un mal fou à parler simplement de leur homosexualité. Cette Marche des fiertés, mon fils par exemple, n’y est jamais allé, il n’aime pas particulièrement les rassemblements publics. Mais il n’y a pas besoin d’être homosexuel pour y participer. En revanche, il y a des jeunes, comme ceux du Refuge, qui sont soulagés et contents de voir qu’il y a des adultes hétéros, homos, trans en capacité d’aller dans la rue pour manifester leur différence, et leur normalité en même temps. C’est leur droit aussi, rappelons-le.