Bonjour stophomophobie. J’aimerais apporter mon témoignage sur la période de la manif pour tous et mon rapport avec ce mouvement homophobe.
J’ai 24 ans, je suis une jeune femme bissexuelle. J’ai toujours su que je l’étais. J’ai toujours pensé que le désir et l’amour n’étaient pas question de sexe mais d’âme. Pourtant j’ai eu du mal à l’assumer. Petite, ma mère m’a mise dans une école privée catho, parce qu’elle voulait « le meilleur pour moi ». Cela a été une souffrance. Je détestais le catéchisme, je haïssais cette ambiance de compétition et ces enfants déjà « m’a tu vu ». Moi j’étais fille d’ouvrier, avec une histoire familiale difficile, et j’aimais les filles autant que les garçons. Du coup, j’ai été rejetée. Souvent. Arrivée en lycée public je découvrais un autre monde. Plus de marques, plus de clans j’étais contente. Je sortais d’une relation violente avec un garçon et je prenais ce changement d’école pour un nouveau départ. C’est là que j’ai rencontré ma première petite amie. Elle était en terminale moi en seconde. Je l’ai embrassée au milieu de la cour et c’est là que j’ai découvert l’homophobie. On m’a, par la suite, insultée craché dessus. J’étais la « gouine » de l’école. Ça m’a suivi bien après notre rupture. Les filles hésitaient à être amies avec moi, de peur que je leur saute dessus. Après cela, je ne suis plus jamais sortie avec quelqu’un de mon école. La personne qui m’a aidée à m’accepter a été une jeune femme que j’ai rencontré un an plus tard. Elle m’a montrée que je ne devais pas avoir honte d’aimer les filles et les garçons, que je n’avais pas de choix à faire.
La période des débats sur le mariage pour tous a été douloureuse pour moi. J’ai muri, ai eu diverses relations avec des femmes, des hommes. J’ai rencontré mon compagnon à 19 ans. Il a accepté de suite ma bissexualité. A ses yeux, ce n’est ni un fantasme ni un jeu, c’est ma nature.
Les débats homophobes ont été rudes pendant tous ces mois, mais dans ma famille, je n’ai pas eu de témoignage d’hostilité. Et, quand j’ai décidé de participer à la mobilisation pour l’égalité, mon père m’a dit : « je suis fier de toi. Si je n’étais pas malade, j’irai aussi ». J’ai été heureuse de manifester pour les droits de l’humain. Pas pour une orientation mais pour que mes futurs enfants n’aient jamais à avoir honte de leur nature. J’ai aimé le milieu gay je m’y suis fait des amis , j’y ai trouvé de la joie et beaucoup d’amour. J’aimerais que plus une seule jeune fille ou jeune homme ne vive ce que nous avons vécu. Le cœur est bien plus important que toutes ces humiliations. Soyez vous-mêmes. Même si c’est dur, vous y gagnerez la sérénité et la fierté d’avoir remporté la bataille contre la connerie humaine.