Témoignage. “Quand on est papa et qu’on a la garde de sa fille en campagne, ça passe mal d’être homo”

« Je lis très régulièrement les témoignages sur votre site et je me dis souvent vas-y, fais le, écris-le, tiens, alors je me lance… »

Voilà pour garder mon anonymat on dira que je m’appelle Stéphane, j’ai 37 ans j’habite en Gironde.

J’ai passé mon enfance en Dordogne et à ma majorité je suis venu vivre en Gironde où j’ai rencontré ma future épouse. Nous voulions tous les deux un enfant mais voilà après 7 mois de grossesse, la maman a fait un dénis de grossesse dû très certainement au fait qu’on lui avait caché la mort de son père pendant des années, mais voilà, il était trop tard pour avorter.

Elle refusait totalement cette fin de grossesse, ne voulait plus rien, même pas se laver, nous prenions nos bains tous les deux le soir et je lavais ma femme. Vous comprendrez qu’au vu de la situation nos rapports sexuels étaient peu fréquents au point d’avoir un dégoût pendant nos rapports. Les années passent mais le refus de cet enfant persiste, en plus de mon travail c’est moi qui m’occupe totalement pendant 4 ans de ma fille (biberon, changes, bain, apprendre à marcher…etc). Nous nous séparons quand notre fille atteint l’âge de 5 ans car ce n’était plus tenable, et ma fille commençant à bien comprendre, ne nous voyait pas heureux. Nous commençons une garde alternée mais qui ne dure qu’une seule année car l’affection maternelle n’était toujours pas là et ma fille s’étant retrouvée en danger avec son nouveau compagnon, je ne pouvais rester indifférent, c’est ainsi que j’obtiens la garde de ma fille qui vit aujourd’hui à mes côtés avec un bon équilibre et un bon parcours scolaire tout en voyant sa maman un week-end sur deux et la moitié des vacances et cette garde convient très bien aux deux.

Après ma séparation (je tiens à préciser que je suis resté fidèle à ma femme jusqu’à notre rupture), je réfléchissais dans tous les sens quel allait être mon avenir sexuel après ce dégoût du corps d’une femme. J’avais deux choix: en trouver une autre ou essayer autre chose. C’est à ce moment-là que je décidait d’essayer une expérience sexuelle avec un homme et oh…grande surprise j’ai pris mon pied, pendant quelques mois, j’ai connu la bisexualité puis je me suis lâché et je suis devenu gay. Mais voilà quand on est papa et qu’on a la garde de sa fille en campagne, ça passe mal d’être homo je dois être le PAPA modèle. Je travaille dans un négoce de matériaux milieu très machiste, je suis vendeur interne et confronté depuis quelques années aux petits pics de mes collègues, aux boutades des clients.
Je n’en peux plus, je suis en dépression et arrêté depuis deux mois, j’ai envie de tout lâcher et retomber dans l’anonymat je reçois en moyenne 100/150 clients par jour, je les connais tous, je les vois quand je vais aux courses quand je sors et j’ai l’impression que, pour certains, j’ai une pancarte sur ma tête avec écrit « vendeur de matériaux mais homo » ma mère est au courant de ma sexualité, ma fille aussi, mes collègues, juste une seule à qui je l’ai dit il y a deux ans quand nous nous sommes confiés lors du décès accidentel de son compagnon qui bossait avec nous car j’étais là pour la soutenir et là, aucun coup de fil de sa part depuis le premier jour de mon arrêt de travail.
Je suis dans ma 17ème année de travail dans la même boîte et là, je n’en peux plus.

J’aimerais vos avis et vos conseils pour reprendre mon boulot ou tout arrêter. Merci de m’avoir permis de poser des mots sur mon mal-être. Je vous embrasse tous avec le plus grand des respects.

Merci à tous. Stéphan.
StopHomophobie