Le samedi 9 août 2014, après 22 ans de réflexion et surtout l’impossibilité de le faire, nous nous sommes enfin mariés ! Nous avions signé un pacs en 2000 (ambiance pas très glamour, on a croisé des prisonniers menottés en traversant le tribunal !), nous pensions venir signer un papier officiel et on s’est fait prendre par l’émotion, à la mairie. En montant les marches, avec nos mères à nos bras, l’émotion du mariage comme tout un chacun est arrivée mais elle a vite été accompagnée par une émotion plus forte, celle liée à toutes ces années d’exclusion, de souffrance, puis de batailles, d’expositions médiatiques pour en arriver là.
Nous avons démarré notre sexualité en étant des hors-la-loi, passibles d’enfermement en hôpital psychiatrique, il a fallu attendre 1981 pour que François Mitterrand supprime cette loi. Alors oui, monter les marches de la mairie a été un grand moment, l’impression enfin d’être reconnus comme tout le monde, d’avoir les mêmes droits.
Mais nous avons eu la chance d’avoir plus. Notre parcours de vie nous a fait rencontrer Père Pascal [prénom d’emprunt] qui a toujours trouvé que l’amour entre nous deux était plus important que tout le reste. Nous étions en vacances en métropole où nous avons trouvé nos bagues ; il les a récupérées et un dimanche de grand-messe, il les a posées sur l’autel et les a bénies au moment du sacrement. Comme si ça ne suffisait pas, il a fait dire une messe à notre intention le samedi 9 août au soir. Je lui ai dit que son engagement était important, il a trouvé ça banal car pour lui « l’Église devrait plus s’intéresser à l’amour entre deux êtres qu’à ce qui se passe dans leur plumard » ! Nous ne pouvons que lui donner raison, car nous sommes faits ainsi. Le diable est celui qui nous fait faire des mauvais choix (mentir, voler, frapper, etc.) mais quand il n’y a pas de choix, le Diable n’est pas là. Dieu nous a faits à son image car Dieu est homme et femme, grand et petit, adulte et enfant, blanc et noir, hétéro et homo. Nous sommes heureux de savoir que des religieux réfléchissent, prennent le temps de lire la parole de Jésus (« aimez-vous les uns les autres ») et l’appliquent au quotidien. Le pape François a montré sa détermination à changer le regard de l’église sur les homos en disant « qui suis-je pour les juger ? ».
Père Pascal, nous espérons que vous avez initié un mouvement d’amour qui va gagner tout le monde et que d’autres, éclairés comme vous, vont se lever pour changer ça. L’homosexualité reste une des causes trop fréquentes de suicides chez l’adolescent et l’adulte jeune (le regard des parents, de la société, de la religion est difficile à surmonter). Pour tous ceux qui arrivent, il faut les aider à ne pas faire ce choix de mort mais les accompagner dans leur vie. L’Église, les églises et toutes les religions doivent modifier leur regard sur les homos, la vie et le bonheur de nos enfants en dépendent.
Christian Robert et Luciano Benoiton
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