Première interrogation, vers 13 ou 14 ans mais je continue à sortir avec des garçons pour « faire comme les autres ». Après tout, je ne sais pas vraiment où j’en suis. Vers l’âge de 17 ans, je prend conscience que je me mens complètement, et je commence à fréquenter le milieux gay. Je me fais pas mal d’amis mais rien de sérieux jusqu’à ce que je rencontre cette fille.
Je viens d’avoir 18 ans et toutes deux, on devient inséparables. Mes parents ne sont toujours pas au courant mais je décide de le leur dire. Ça fait des années que ce secret me pèse. Je l’ai invitée chez moi en disant que j’invitais une amie mais, lorsqu’on s’est retrouvés face à face, je les ai regardés (morte de peur je l’avoue) en leur disant « Voici ma copine ».
Sur le coup, j’ai pensé qu’ils n’avaient pas compris. Absolument aucune réaction de leur part jusqu’à ce que ma mère prononce cette phrase : « Elle va bien rester dormir » avec un sourire en coin.
Quelques semaines plus tard, mon père décide enfin de me parler, lui aussi, pour me dire ce qu’il pense :
« Un de mes amis m’a demandé ce que ça faisait d’être le papa d’une fille qui aime les filles. Tu sais, ça ne fait rien. Je suis fière de toi et je le serais toujours, » et ma mère, d’ajouter « Je préfère un enfant homosexuel et heureux, qu’hétéro et malheureux ! »
La nouvelle s’est propagée dans la famille sans aucun souci. Au niveau du lycée, mis à part un incident mineur, je n’ai jamais eu à faire face à des remarques méchantes ou de la violence.
Mes amis m’ont tout de suite mise à l’aise, du genre : » Ah bon, sans rire ? C’est cool on va pouvoir mater les filles sur la plages ensemble cet été. «
Après tout, les préjugés ne sont que des préjugés. S’assumer, c’est déjà y faire face et dans mon cas les briser. Je voulais partager mon témoignage, peut-être aussi pour aider d’autres jeunes à trouver le courage. Ça pourrait également ne rien changer des fois de le dire, mais c’est toujours un sacré poids en moins. Je sais que j’ai eu beaucoup de chance et que tous ne réagiront pas comme ma famille et les amis l’ont fait, mais c’était mon message : nous ne sommes pas toujours rejetés et incompris. Il y a de l’espoir.
Maurine.
Témoignage recueilli par Nicole V.
STOP HOMOPHOBIE