>> Alors que le Maroc est considéré comme l’un des pays arabes les plus accueillants pour les touristes homosexuels, il s’est attiré les foudres du mouvement LGBT. En effet, la Fondation Peter Tatchell, l’un des principaux soutiens de ce mouvement, a retiré une enchère de vacances pour le Maroc suite à l’affaire Ray Cole après les critiques de la communauté gay. Mais malgré cela, Peter Tatchell ne veut pas loger à la même enseigne le royaume et « les pays gravement homophobes ».
Depuis l’arrestation à Marrakech de Ray Cole, le touriste britannique condamné à quatre mois de prison pour homosexualité, le Maroc est dans le collimateur du mouvement LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres). Le mouvement veut inclure le royaume parmi les destinations à boycotter par les touristes homosexuels, le rangeant ainsi dans la même catégorie que certaines destinations comme l’Ouganda, l’Iran ou encore l’Arabie Saoudite.
Le mouvement LGBT n’a toujours pas digéré l’attitude des autorités marocaines depuis l’éclatement de l’affaire Ray Cole. En effet, la Fondation Peter Tatchell, l’un des principaux soutiens de ce mouvement qui défend les droits des homosexuels, a retiré une enchère de vacances pour le Maroc sous la pression de la communauté gay. Selon le site PinkNews, cette enchère avait été publiée cette semaine et portait sur un voyage de « cinq nuits de vacances pour deux personnes » à Marrakech et ce, dans le cadre d’une collecte de fonds de charité. Elle a été retirée après des protestations concernant l’affaire Ray Cole.
Tatchell différencie le Maroc des pays gravement homophobes
Mais si le mouvement LGBT critique le Maroc, Peter Tatchell ne veut pas ranger le royaume parmi les pays homophobes. Il reconnait certes que le Maroc interdit l’homosexualité sur son territoire, mais, à l’entendre, cela ne signifie pas que la destination est à éviter pour les homosexuels. « Nous appuyons les campagnes pour la dépénalisation de l’homosexualité dans le monde entier, y compris au Maroc », a souligné Tatchell. « Mais nous préférons soutenir les boycotts touristiques de pays gravement anti-homosexuels, comme l’Ouganda, l’Iran et l’Arabie Saoudite – et où les groupes LGBT locaux ont aussi appelé au boycott » a-t-il précisé.
« Bien que l’homosexualité est illégale au Maroc, la loi est rarement appliquée. La communauté gay marocaine n’a pas appelé à un boycott touristique », a-t-il expliqué. Dressant sa propre comparaison, il explique que « la Jamaïque est bien plus homophobe que le Maroc mais les groupes LGBT locaux sont opposés un boycott des touristes occidentaux. Dans de nombreux pays, les communautés LGBT voient les visiteurs occidentaux homosexuels comme une influence positive pour vaincre l’homophobie ».
Ray Cole ne soutient pas un boycott touristique du Maroc
Pour Tatchell, un boycott du Maroc équivaudrait à faire table rase sur presque toutes les destinations du monde. « Si nous avions insisté sur un boycott de tous les pays aux lois anti-homosexuels, cela signifie que plus de 170 pays seraient hors d’accès pour les vacanciers et les hommes d’affaires, notamment les Etats-Unis et l’Australie, où il existe des interdictions de mariage de même sexe », explique-t-il. « Par souci de cohérence, nous aurions également dû boycotter les pays où il y a des violations des droits de l’homme des non-homosexuels, tels que la Thaïlande, la Grèce, le Brésil, la Chine et la Turquie ». Enfin Tatchell estime qu’« il y a une communauté LGBT croissante au Maroc, qui a été soutenue positivement par les résidents européens dans le pays, et ceux qui viennent en tant que touristes ».
Pour sa part, Ray Cole, dont les charges ont été finalement abandonnées, ne garde pas une dent contre le Maroc. Même s’il qualifie son incarcération d’« erreur majeure », il ne cautionne pas l’idée d’un boycott touristique du Maroc. « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de boycotter le Maroc », a-t-il indiqué à PinkNews en réaction au retrait des enchères pour un voyage à Marrakech. « Les gens qui sont offensés ne sont pas ceux qui causent les problèmes », a indiqué Cole. Mais ce dernier exclu pour l’instant toute idée d’un retour au Maroc : « Non, je pense pas que je pourrais revenir, au moins pour le moment ».