Ce 18 mai, en deuxième partie de « Touche Pas à mon Poste », Cyril Hanouna a piégé des gays, en se faisant passer dans une séquence téléphonique pour un homme bi qui recherchait l’amour. Les intervenants n’avaient pas été informés qu’ils étaient en direct et l’animateur a comme souvent forcé sur les clichés, voix et gestes efféminés. Une nouvelle étape dans la provocation. Le lendemain, le CSA recensait plusieurs milliers de signalements. Le dossier doit être examiné par les experts juridiques. C8 a déjà été mise en garde et mise en demeure par le Conseil à cause de séquences antérieures. De nombreux annonceurs ont d’ailleurs décidé de ne plus être sponsors de l’émission.
François Laborde, présidente du « Club des Amis du Refuge », regroupant les marraines et parrains de l’association, avait déjà annoncé qu’une plainte serait déposée. Le Refuge a en outre révélé avoir été en contact avec l’une des victimes, un homme de 28 ans qui a reçu des appels et des textos de membres de sa famille, certains en colère, ayant reconnu sa voix. Il n’a pas donné son identité ni manifesté l’intention de poursuivre en justice.
Selon Me Etienne Deshoulières, Cyril Hanouna pourrait toutefois l’être pour trois infractions : l’usurpation d’identité, la captation illicite de voix, le traitement illicite de données personnelles.
« En ce qui concerne l’usurpation d’identité, le délit me semble constituer, car il a été fait usage d’une photo permettant d’identifier un jeune homme musclé en vue de porter atteinte à la considération des personnes qui ont appelé. En ce qui concerne la captation illicite de voix, la loi impose de recueillir le consentement, même implicite, de l’intéressé. Or, il est évident qu’ici les victimes n’ont pas été informées que leurs échanges avec Cyril Hanouna seraient diffusés en direct. Enfin, en ce qui concerne le traitement illicite de données personnelles, la loi impose que ce traitement soit loyal et que la personne concernée y ait consenti, ce qui n’est pas le cas ici, car les victimes n’avaient pas conscience de communiquer avec Cyril Hanouna dans le cadre de son émission. Des poursuites pénales pourraient donc être engagées. »
Mais les associations LGBT ne peuvent agir en justice que pour des infractions déterminées, dans les cas d’atteinte à la dignité humaine, d’agression physique ou de dégradations de biens. L’usurpation d’identité, la captation illicite de voix et le traitement illicite de données personnelles n’entrent pas dans ces catégories. Les associations de lutte contre l’homophobie seraient donc « irrecevables » à agir, ajoute Me Deshoulières.
En revanche, les personnes qui ont été piégées et surtout le procureur de la République, qui représente l’Etat français dans le procès pénal, pourraient engager des poursuites contre l’animateur, dont les procédés sont intolérables, que la victime soit homosexuelle, hétérosexuelle ou bisexuelle.
Cyril Hanouna est allé trop loin : « J’ai fait une erreur ! » a-t-il d’ailleurs indiqué à l’antenne ce 22 mai, interpellé par notre porte-parole, qui en élargissant le débat a dénoncé « l’irresponsabilité de tous les humoristes qui utilisent aujourd’hui l’homosexualité », incluant l’animateur vedette et ses canulars plus que douteux. Car si sur les plateaux, ils en rient, les LGBT en meurent. Il n’y aura donc « plus de sketchs homophobes », ni de « blagues » sur les personnes homosexuelles. Cyril Hanouna s’y est engagé, affirmant qu’il œuvrerait désormais à faire avancer la cause, après qu’Alexandre Marcel, président du Comité Idaho France ait détaillé les persécutions frappant les homosexuels dans 75 pays dans le monde et notamment en Tchétchénie.
Suite à ce passage dans l’émission, M. Marcel, présenté comme responsable de notre association (ce qui n’est pas le cas, il est utile de le préciser), nous avons reçu 137 témoignages de victimes qui ignoraient que nous pouvions les aider. 3 étaient harcelées depuis plusieurs années. Ils sont désormais pris en charge. Mais nous ne cautionnons ni le comportement de l’animateur ni l’intervention de M. Marcel dans ce programme.