Il s’était opposé en juillet 2017 à la mise en œuvre d’une mesure emblématique de son prédécesseur démocrate Barack Obama, qui avait décidé que l’armée devrait commencer à accueillir des recrues transgenres à partir du 1er juillet 2017, à condition d’avoir terminé leurs traitements hormonaux depuis au moins 18 mois. Plusieurs juges fédéraux avaient d’ailleurs bloqué cette interdiction au motif qu’elle était « en contradiction avec la garantie constitutionnelle d’une égale protection devant la loi. »
Après avoir renoncé à saisir la Cour suprême, Donald Trump a finalement signé, ce vendredi 23 mars, un mémorandum, révoquant celui du 25 août, soulignant néanmoins que les personnes transgenres qui « pourraient avoir besoin de traitements médicaux lourds, notamment par des médicaments ou de la chirurgie, sont disqualifiées pour servir dans l’armée, sauf circonstances exceptionnelles ».
Les secrétaires à la Défense et à la Sécurité intérieure pourront exercer leur autorité dans l’application de cette politique, « qui permettra à l’armée de mettre en application des critères de santé mentale et physique reconnus sur toutes les personnes souhaitant s’enrôler et combattre au sein de la meilleure force armée que le monde ait jamais vu », souligne la Maison blanche dans un communiqué.
Une nouvelle déclaration, certes moins restrictive, mais qui continue d’être « une atteinte aux libertés constitutionnelles », selon Chad Griffin, président d’Human Rights Campaign : « Peu importe comment on présente les choses, l’administration Trump-Pence poursuit dans la direction de son interdiction discriminatoire, anticonstitutionnelle et méprisable des soldats transgenres ».
Pour Joshua Block, de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), il s’agit encore de « transphobie déguisée », contraignant de facto les personnes transgenres « à choisir entre leur humanité et leur pays ».
La direction du Parti démocrate a également dénoncé une « une insulte aux soldats transgenres ». Pour Nancy Pelosi, chef de la minorité démocrate à la chambre des Représentants, « c’est la même interdiction lâche et répugnante. Ce bannissement haineux est fabriqué sur mesure pour humilier les courageux membres transgenres de notre armée qui servent avec honneur et dignité », a-t-elle ajouté.
D’après les estimations, il y aurait jusqu’à 15 000 personnes transgenres servant dans l’armée américaine sur les 1,3 million de militaires en service actif, dont près de 1000, diagnostiqués comme « souffrant de dysphorie du genre » depuis le 30 juin 2016.