Ce dimanche 17 mai, 70 pays célèbrent la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Nous, journalistes, pouvons choisir de faire comme chaque année : relayer un peu, beaucoup, pas du tout – selon la sensibilité de nos rédactions – les actions menées ce jour-là par les militants et les associations. Insister sur le nombre élevé, encore plus depuis les défilés de la «Manif pour tous», d’actes homophobes commis contre celles et contre ceux qui interrogent les représentations de genre et n’inscrivent pas leur orientation sexuelle dans la tradition hétérosexuelle : le nombre de témoignages reçus par l’association SOS Homophobie a augmenté de 41% par rapport à 2011.
et un spécial merci @libe pour avoir publié la tribune « Les médias contre l’homophobie »! http://t.co/sw6cI7PvL5 … …
— AJL (@ajlgbt) 15 Mai 2015
Nous, journalistes, pouvons pourtant faire davantage pour éclairer les consciences. Bien sûr, nous sommes libres et indépendants, mais nous avons également une responsabilité vis-à-vis de nos lecteurs, de nos auditeurs, de nos téléspectateurs. Lorsque nous ne pratiquons pas notre métier de façon suffisamment rigoureuse, nous encourageons parfois l’homophobie et la transphobie. Se satisfaire d’automatismes ou de facilités de pensée, relayer des approximations, des clichés et des contre-vérités, relayer sans distanciation une parole homophobe sous couvert de «débat», tout cela nourrit l’imaginaire de la peur et de la haine contre celles et contre ceux qui ne s’inscrivent pas dans la norme.
Membres de l’Association des journalistes LGBT (lesbiennes, gay, bi, trans), nous interpellons nos consœurs et nos confrères. Dans la lignée des chartes éthiques qui encadrent notre profession, nous leur proposons de ratifier une charte intitulée «les Médias contre l’homophobie», consacrée au traitement des sujets LGBT.
Les rédactions signataires s’engagent ainsi à respecter cinq grands principes, afin de garantir à l’ensemble du public une information de qualité, complète, libre et indépendante.
1) Traiter de manière égale homosexuels, bisexuels et hétérosexuels (en incluant, les familles homoparentales dans les sujets sur la rentrée scolaire, les vacances ou la garde des enfants).
2) Veiller à un traitement juste et respectueux des personnes trans (en évitant le sensationnalisme de la transformation physique qui occulte les discriminations sociales, à l’emploi, dans l’accès aux services publics, etc.).
3) Rendre compte de la diversité des communautés lesbiennes, gays, bis et trans (en n’oubliant pas les lesbiennes, peu représentées, voire invisibles).
4) Respecter l’ensemble des lecteurs, des auditeurs et des téléspectateurs (en prêtant attention aux remarques des associations LGBT lorsque celles-ci estiment un contenu problématique).
5) Prévenir en leur sein toute forme de discrimination basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
Vingt-cinq rédactions ont déjà signé la charte. D’autres vont prochainement l’intégrer dans leurs propres chartes internes. Nous sommes convaincus que de nombreuses rédactions sont professionnellement exigeantes et entendent raconter la société telle qu’elle est. Nous encourageons toutes les rédactions à la signer à leur tour.
Les premiers signataires de la charte : «le Monde», «l’Equipe», «Libération», «les Inrockuptibles», Slate, Mediapart, Rue89, Altermondes, Basta !, «Society», «So Foot», «Doolittle», «Pédale !», Radio Nova, Ouï FM, Yagg, «Têtu», «Well Well Well», «Snatch», «Stylist», «Neon», «Streetpress», «Alternatives économiques», AlterEcoPlus, Brain Magazine, les Nouvelles News, Konbini, Puremedias, Purepeople