Une coalition d’associations de défense des droits LGBT+ a adressé un courrier aux ministères du Sport, de l’Intérieur et de la Justice, alertant sur la montée alarmante des actes homophobes dans les stades de Ligue 1. Depuis octobre 2024, pas moins de 17 chants homophobes ont été recensés lors de rencontres du championnat, un chiffre qui témoigne, selon les signataires, d’une banalisation préoccupante de ces comportements dans le milieu sportif.
Un climat de décomplexion
Dans leur courrier, les organisations STOP homophobie, Inter-LGBT, la Ligue des droits de l’Homme, Bleus & Fiers et le Collectif Rouge Direct dénoncent une situation où « tout semble prétexte pour déchaîner les LGBTphobies lors des matchs et des événements sportifs ». Elles pointent également le traitement réservé aux associations qui dénoncent ces faits, souvent victimes de harcèlement ou d’intimidations.
Des incidents récents illustrent cette tendance : le 24 janvier dernier, lors de la rencontre entre Auxerre et Saint-Étienne, des chants homophobes ont visé les Stéphanois. Deux jours plus tard, des insultes similaires ont été entendues lors du match opposant Nice à Marseille. « Cette situation n’est pas acceptable », insistent les signataires du courrier.
Des mesures jugées insuffisantes
Si les supporters sont régulièrement mis en cause dans ces dérives, les associations estiment que la responsabilité incombe également aux instances sportives. « Il faut en réalité que les dirigeants du football prennent leurs responsabilités dans la gestion des stades », soulignent-elles, rappelant que ces signalements ne sont pas nouveaux mais demeurent largement impunis.
Les sanctions actuelles, comme la fermeture partielle de tribunes pour des chants homophobes, sont jugées insuffisantes. En octobre dernier, des insultes ciblant les Marseillais lors d’un match du PSG avaient conduit à une sanction réduite par rapport à des faits similaires l’année précédente, renforçant le sentiment d’impunité.
Des demandes précises pour lutter contre le phénomène
Face à ce constat, les associations réclament des « solutions concrètes » pour mettre un terme à ces dérives. Elles préconisent notamment la mise en place de groupes d’observateurs dans les stades, en collaboration avec la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) et les responsables supporters des clubs, afin de mieux identifier et sanctionner les auteurs. Elles appellent également à une refonte des formations sur la lutte contre l’homophobie dans le sport, jugées inefficaces dans leur application actuelle.
Enfin, elles demandent une rencontre urgente avec les pouvoirs publics, estimant que l’inaction des autorités contribue à la perpétuation de ces comportements. « Le ministère des Sports est l’autorité de tutelle de la Fédération Française de Football et de la Ligue de Football Professionnel. Il doit agir », concluent-elles.
Tribune adressée à Mme Barsacq, M. Darmanin, M. Retailleau
Depuis plusieurs mois, les actes homophobes se multiplient dans les stades. On compte 17 chants homophobes en Ligue 1 depuis le 19 octobre 2024.
Tout semble prétexte pour déchaîner les LGBTIphobies lors des matchs et des événements sportifs. Et lorsque les associations le dénoncent, la seule réponse qui nous est faite en retour est le harcèlement, les tentatives d’intimidations et les éditos dans les journaux expliquant que l’homophobie est une tradition saine et normale dans le milieu du football notamment.Cette situation n’est pas acceptable et, nous, associations LGBTI+, spécialisées ou non dans le sport, défenderesses des droits humains et LGBTI+, ne pouvons laisser perdurer une telle situation. Encore ce week-end, des chants homophobes ont été entendus dans les stades : « Les Stéphanois, c’est des pédés, des fils de putes, des enculés » lors de Auxerre-Saint-Étienne vendredi 24 janvier 2025, « Les Marseillais, c’est des pédés » lors de Nice-Marseille dimanche 26 janvier 2025.
Si les supporters portent une lourde responsabilité dans cette décomplexion totale des LGBTIphobies dans les stades, il faut en réalité que les instances dirigeantes du milieu du sport prennent leur responsabilité dans la gestion des stades. Par ailleurs, le sujet n’est pas nouveau et nous inquiète déjà depuis plusieurs années.
Cependant, les chants et les LGBTIphobies ne se sont pour autant pas arrêtés alors que nous alertons depuis de nombreuses années, en portant à la connaissance du public les sons et images de ces délits LGBTIphobes.
L’heure est à la mise en place de solutions concrètes pour que ces LGBTIphobies décomplexées dans les stades cessent. Nous demandons la mise en place de groupes d’observateurs.rices dans les stades en coordination avec la Division nationale de lutte contre le hooliganisme et les directeurs et référents supporters des clubs, permettant de manière simple et efficace la matérialisation des délits d’homophobie et ainsi leur sanction, à la fois réglementaire et judiciaire.
Par ailleurs, les formations mises en place par les instances dirigeantes des milieux sportifs ont démontré leur inefficacité dans leur mise en œuvre actuelle. Elles doivent se transformer en autre chose que des bons points distribués qui permettent aux clubs de se donner bonne conscience. Des changements profonds doivent être effectués afin que les comportements LGBTIphobes dans les stades cessent définitivement ou soient sanctionnés comme il se doit.
Par ailleurs, la perpétuation de ce type de comportements relève aussi du manque d’actions des pouvoirs publics, le ministère des Sports étant en particulier l’autorité de tutelle de la Fédération Française de Football et de la Ligue de Football Professionnel. C’est pour cela que nous demandons à pouvoir vous rencontrer de manière urgente pour échanger à ce propos.