Donald Trump a signé une ordonnance révoquant le statut de résident de près de 500 000 ressortissants des Caraïbes entrés aux États-Unis depuis 2023 grâce au programme Biden, qui leur accordait une autorisation de travail de deux ans sous conditions. La mesure prendra effet le mardi 25 mars, laissant aux personnes concernées seulement 30 jours pour quitter le pays.
Une mesure soudaine et inédite
C’est une annonce choc qui est en train de bouleverser de nombreuses vies de personnes haïtiennes, cubaines, nicaraguayennes et vénézuéliennes qui recherchent dès maintenant un nouvel havre de paix, alors qu’ils venaient à peine de commencer à s’adapter et à s’intégrer à la société américaine.
Un retour à l’homophobie et à la disette dans les Caraïbes
Parmi elles, de nombreuses personnes LGBT+ ou de personnes vivant avec le VIH qui s’interrogent, alors que la violence la famine et l’homophobie font rage en Haïti. Selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM), 5,4 millions d’haïtiens soit 45% de la population souffrait de la «faim aigüe» en 2024, tandis que l’Organisation Internationale des Migrations parle «d’1 million de déplacés» à l’intérieur du pays en ce début d’année.
A Cuba, où Donald Trump a récemment durci les sanctions américaines, il faut compter des heures pour se procurer une simple bouteille d’huile, en contexte de disette, en sus de la nature répressive du régime qui ne permet pas une expression libre des cultures LGBT+ sur place, à l’instar du Mouvement San Isidro, bâillonné en 2020.
Un retour aux pénuries d’antirétroviraux
Combiné aux effets de la suspension de l’aide internationale américaine à l’étranger et au démantèlement d’USAID (agence américaine de développement), les personnes séropositives visées par les mesures de retour coercitifs craignent de ne trouver dans leurs pays d’origine les traitements idoines et d’être condamnées à mourir faute de soins, alors que les attaques contre les soignants sont déjà légions dans les États de la région.
Au Vénézuéla, la pénurie d’antirétroviraux est criante depuis 2017 et les personnels de santé qualifiés ont depuis déserté le pays, bien que le Haut-Commissariat aux Réfugiés précise avec une lueur d’espoir que certains pays comme «le Pérou et le Mexique ont accordé un statut à des réfugiés vénézuéliens atteints du VIH/sida».
Des Caraïbes sommées d’absorber ce contre-choc migratoire
Les Caraïbes doivent s’attendre à faire face dans les prochains mois à une crise humanitaire d’ampleur, tant les crises internes s’aggravent et les soutiens extérieurs se raréfient. Quant à l’immigration qui était jadis une soupape d’amortissement des crises sociales, elle se tarit à mesure que les frontières se ferment et que les murs s’érigent. Dominique Rebel Saint-Vil de l’Organisation Trans d’Haïti basée à Port-au-Prince, la capitale, ajoute : «Je sais que les possibilités de quitter le pays sont inexistantes».
Les personnes LGBT+ immigrantes vivant aux États-Unis et contactées par nos équipes n’ont pas souhaité voir divulguer leurs témoignages pour cet article, par peur de représailles de la part de l’administration Trump, en raison du nouveau tour de vis migratoire.