Tunisie : Béji Caïd Essebsi désavoue son ministre de la Justice qui appelait à la dépénalisation de l’homosexualité

Dans une interview accordée à la chaîne égyptienne CBC, le président Béji Caïd Essebsi a désavoué lundi 5 octobre le ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aïssa, au sujet de la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie.

La journaliste égyptienne a interrogé le président de la République au sujet de la polémique et des propos du ministre de la Justice qui demande à ce que l’on modifie le texte de loi pénalisant l’homosexualité : « Ne pensez-vous pas que ceci est contraire à la religion et aux traditions ? Ceci vous rapproche davantage des Occidentaux ».

Béji Caïd Essebsi n’a pas du tout hésité en indiquant que les propos du ministre de la Justice n’engagent que sa personne et nullement l’Etat.  « Ceci n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu », a insisté le président de la République.

Les propos du président de la République ont trouvé immédiatement un écho favorable auprès des leaders d’opinion islamistes, notamment les radicaux parmi eux, qui précisent que ces propos sont partagés par 95% des Tunisiens, sans indiquer bien entendu d’où puisent-ils ce pourcentage.

Du côté de la gauche et chez les militants pour les libertés, en revanche, les propos présidentiels ont sonné comme un désaveu à toutes les promesses déjà faites en matière de respect de la Constitution et des libertés.

La nouvelle constitution, rappelons-le, protège pourtant (et théoriquement) le citoyen de ce type d’abus législatifs. Dans son article 6, elle garantit la liberté de conscience ; dans son article 23 elle protège la dignité de l’être humain ; dans son article 24, elle protège sa vie privée ; dans son article 31, elle protège sa liberté d’opinion…

Paradoxalement, le leader islamiste, Rached Ghannouchi, s’avère être plus progressiste que Béji Caïd Essebsi. En effet, M. Ghannouchi déclarait, dans une interview donnée en France, à propos de l’homosexualité : « La loi ne poursuit pas les gens dans leur vie privée… Ce qui se passe dans votre maison ne regarde personne, c’est votre choix et personne n’a le droit d’y entrer et de vous interdire ceci ou cela« .

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