Après des mois de tergiversations, le tribunal de première instance de Tunis vient de refuser la dissolution de l’association.
«Shams» avait obtenu son visa d’activité le 18 mai dernier, au lendemain de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie. Elle espérait pouvoir ouvrir un vrai débat dans le pays et l’abrogation de l’article 230 du Code pénal qui criminalise les personnes LGBT : Une loi qui contredit «les libertés individuelles énoncées dans la Constitution».
Longtemps discrets, essentiellement pour des raisons de sécurité, les militants LGBT en Tunisie sortaient enfin au grand jour. Rapidement, polémique, campagne de haine, et menaces vont suivre, portées par les médias, personnalités politiques ou religieuses. Une plainte sera également déposée, pour exiger la dissolution de l’association, accusée de «défendre les droits de la communauté LGBT».
«Quelle est l’utilité de ce genre d’associations pour les Tunisiens?», demandait un édito du quotidien arabophone Essabah le 23 mai, où l’homosexualité est définie comme «une pathologie ou une aberration». Le quotidien affirmait par ailleurs que l’initiative pourrait servir les «mouvements extrémistes», qui sauraient se servir «de l’existence d’une telle association pour resserrer l’étau autour des Tunisiens, sous prétexte de ‘dépravation’ et de ‘dissolution des mœurs’».
La journaliste de MosaïqueFM et membre du bureau exécutif du Syndicat national des journalistes tunisiens, Sayda Hammami, déclarait sur les réseaux : «L’homosexualité est une question dangereuse, un comportement contraire à la nature, tout comme la pollution de l’environnement… L’obtention d’une autorisation d’exercer pour une telle association reflète la mièvrerie et les maladies sociales créées par les révolutions du printemps judaïque. C’est la démocratie des classes brigandes au détriment des classes dérobées. C’est le reflet de la futilité et de la délinquance de l’élite moderniste.»
Cette nouvelle décision du tribunal permet donc à l’association de reprendre ses activités.
Shams espère également pouvoir participer activement au programme national de lutte contre le SIDA, en collaboration avec le ministère de la Santé et le ministère des Affaires sociales. Et, continuer d’œuvrer contre l’isolement et le suicide des jeunes, un phénomène « qui s’accentue de jour en jour, et concerne tout spécialement les minorités sexuelles » parce que réprimées.