Le Ministre des droits de l’Homme tunisien, Samir Dilou, a déclaré le 4 février sur une chaîne de télévision privée que la liberté d’expression a ses limites lorsque les «queers» (homosexuels) tunisiens s’expriment.
Membre du parti islamiste Ennahda, qui a remporté les élections du 23 octobre, il a également comparé l’homosexualité à une perversion sexuelle et à une maladie mentale, rapporte le réseau mondial de blogueurs Global Voices.
«Ils vivent comme des citoyens mais doivent respecter les lignes rouges fixées par notre religion, notre héritage et notre civilisation», a ajouté Samir Dilou.
«Je suis un être humain, M. le Ministre des droits de l’Homme», a immédiatement répondu la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), selon Global Voices.
Les propos du ministre ont déclenché la colère des blogueurs LGBT tunisiens et leur communauté a été fortement soutenue sur les réseaux sociaux et sur la radio Tunisia Gay.
Les pages Facebook et Twitter de cette organisation se sont remplies de photos et vidéos demandant la tolérance du peuple tunisien envers les homosexuels et expliquant que l’homosexualité est un phénomène naturel qui se produit entre des êtres humains au quotidien, rapporte Global Voices.
Selon le magazine français de la communauté homosexuelle Têtu, Samir Dilou menace également d’empêcher les mises en ligne de Gayday Magazine en lui retirant son autorisation de publication. Le journal web tunisien à destination des LGBT a été lancé en mars dernier, peu après la chute du président Ben Ali.
Militant, administrateur de la page Facebook de Gayday , Bilel s’est exprimé dans le magazine Têtu:
«A la suite de ces propos, toute la communauté LGBT été choquée et déçue, surtout que ces propos viennent d’un ministre des Droits de l’homme».
«On s’est mobilisé en publiant des articles et des publications sur Facebook pour lui faire rappeler la Déclaration universelle des droits de l’homme», poursuit-il.
Mais inquiet, il ajoute:
«Il y a plein de messages homophobes hostiles et menaçants sur la page de Gayday magazine et les autres pages gays et lesbiennes».
Selon le militant, le gouvernement n’aurait pas encore pris position sur les déclarations de Samir Dilou.
En Tunisie comme dans beaucoup d’autres pays africains, l’homosexualité est un crime. L’article 230 du code pénal tunisien punit d’un maximum de trois ans de prison les relations sexuelles entre personnes du même sexe.