Elle nourrissait l’espoir en 2011 de se libérer des séquelles de la période despotique. Mais si depuis sa « révolution de Jasmin », la Tunisie s’est dotée d’une Constitution consacrant les libertés et droits individuels, les homosexuels restent criminalisés, en application d’un article du code pénal, hérité de l’époque coloniale.
Et ainsi, « Au pays de la démocratie naissante », les autorités n’hésitent pas à perquisitionner les domiciles, fouiller dans les données personnelles, violer l’intimité, l’intégrité physique des personnes soupçonnées de pratiques homosexuelles, en les contraignant systématiquement à l’humiliation d’un test anal, sous pseudo-expertise d’un médecin légiste, pour attester d’un acte commis « en privé » et entre adultes consentants, mais qui sera condamné pour atteinte à la « moralité publique ».
La parole s’émancipe, dénonçant les violences, appels au meurtre ou encore bavures policières, comme autant de témoignages, que l’association Shams, pour la dépénalisation de l’homosexualité, a recueilli dans un documentaire d’une trentaine de minutes, concluant par l’urgence d’abroger l’article 230, instrumentalisé par les appareils de l’Etat et les citoyens : « On est loin autrement, très loin de l’idéal démocratique, de l’essence de la Constitution et de toute humanisme. »
Valentine Monceau
stophomophobie.org