La police turque a une nouvelle fois fondu dimanche sur la Marche des Fiertés LGBTQ+ à Istanbul, interpellant sans ménagement plus de 200 personnes, militants et journalistes, dont un photographe de l’AFP.
Avant même le début du rassemblement, interdit par le gouverneur de la ville, la police a effectué une descente musclée dans plusieurs bars ciblés, arrêtant « au hasard » les personnes qui s’y trouvaient.
« 373 personnes » appréhendées. Mais toutes (…) on été libérées au matin du 27 juin, a indiqué l’association turque de défense des droits LGBTQ+ Kaos GL.
Selon plusieurs témoins, la police a tenté d’empêcher la presse de filmer les arrestations.
Bülent Kilic, un photographe expérimenté et primé de l’AFP, habitué aux zones de conflit, a été menotté dans le dos, le tee-shirt arraché, et embarqué avec d’autres dans un fourgon de police. Il avait déjà été arrêté l’an passé dans les mêmes circonstances.
« Malgré trois condamnations prononcées par la Cour constitutionnelle ces trois dernières années, les forces de l’ordre continuent les violences et les détentions arbitraires contre les journalistes. Malheureusement, l’administration a pris l’habitude de ne pas tenir compte des décisions de la Cour ni de la loi », a regretté dans un communiqué l’organisation de défense de la presse Reporters sans Frontières (RSF).
Rappelons qu’après un spectaculaire défilé en 2014 de plus de 100.000 personnes à Istanbul, les autorités turques ont interdit la Marche des Fiertés année après année, officiellement pour des raisons de sécurité.
Vendredi, la Commissaire européenne aux droits humains, Dunja Mijatovic, avait appelé « les autorités d’Istanbul à lever l’interdiction en vigueur sur la Marche des Fiertés et à garantir la sécurité des manifestants pacifiques ».
« Les droits humains des personnes LGBT en Turquie doivent être protégés », avait-elle ajouté, réclamant qu’il soit « mis fin à (leur) stigmatisation ».
L’homosexualité, dépénalisée en Turquie depuis le milieu du XIXe siècle (1858), n’est pas interdite mais reste largement soumise à l’opprobre sociale et à l’hostilité du parti islamo-conservateur au pouvoir, l’AKP, et à celle du gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan.