Kemal Ördek, défenseur pour les droits homosexuels et membre fondateur de l’association Parapluie rouge (Kırmızı Şemsiye), a été agressé à son domicile d’Ankara dans la nuit du 5 au 6 juillet. Les coupables ont été relâchés par la police et continuent de menacer le jeune homme par téléphone.
« N’écoutez pas ce pédé, il nous a invités à entrer, vous savez comment ils sont. »
Après s’être rendus au domicile de Kemal Ördek dimanche soir, deux hommes l’ont agressé, l’un d’eux le violant après avoir pris possession de son téléphone portable. Les agresseurs ont ensuite été rejoints par un troisième homme. Ne trouvant pas d’argent au domicile de la victime, ses assaillants l’ont ensuite forcé à se rendre à un guichet automatique. C’est là que Kemal Ördek a pu fuir ses agresseurs après avoir repéré une voiture de police dans les environs. Pensant avoir trouvé refuge auprès des policiers, il s’est alors retrouvé confronté à une réaction pour le moins déconcertante. « La police m’a coupé la parole quand j’ai essayé de leur raconter ce qui s’était passé », a-t-il témoigné. « Tais-toi ! Ne parle que si on te le demande. », ont répondu les policiers avant d’écouter plus attentivement la version des agresseurs. « Nous sommes d’honnêtes gens, officier, soyez indulgent. N’écoutez pas ce pédé, il nous a invité à entrer, vous savez comment ils sont », ont-ils rétorqué afin de se défendre.
La police a ensuite amené Ördek et ses agresseurs dans un commissariat. Une fois sur place, le jeune homme a dû faire face aux menaces incessantes de ces derniers qui ont alors essayé de le contraindre à ne pas porter plainte, « laisse tomber, tu sais ce qui se passera si tu le fais, on sait où tu habites maintenant ».
Les policiers ont par la suite retrouvé le téléphone portable de Kemal Ördek que les agresseurs avaient laissés dans la voiture. Puis un agent aurait ensuite tenté de le convaincre d’abandonner les charges en échange de son téléphone. Les agresseurs ont, quant à eux, été relaxés par la police, et l’affaire a été remise entre les mains du procureur général. Ördek continue malgré tout d’être menacé par téléphone.
Être homosexuel en Turquie
Un triste incident qui fait écho aux évènements de la Gay Pride d’Istanbul deux semaines auparavant, où plusieurs manifestants et journalistes avaient été violemment réprimés par la police. Pourtant, depuis l’institution de la « semaine de l’homosexualité » lancée après la dépénalisation du mariage gay dans l’ensemble des États-Unis cette année, nombreuses étaient les personnes qui manifestaient leur soutien au mouvement LGBT. Facebook proposait même à ses utilisateurs une option pour arborer un fond multicolore sur leur photo de profil, représentant haut et fort les couleurs de la communauté homosexuelle. Cependant, en Turquie, l’homosexualité a encore du mal à être acceptée même si, dans les grandes villes, les mentalités ont déjà commencé à changer.