Ukraine : Après l’interdiction de la Gay Pride, des LGBT agressés lors d’une conférence à Odessa

>> Masked men hurl smoke bombs at venue of Ukraine gay forum

[spacer]

Des hommes encagoulés ont jeté des grenades fumigènes dans la salle où une conférence était prévue samedi à Odessa, une ville portuaire du sud de l’Ukraine où la Gay Pride vient d’être interdite.

« Plusieurs jeunes hommes ont fait irruption » dans ce local peu avant la début de la réception organisée pour des militants LGBT qui devait être suivie d’une discussion sur l’histoire de l’homosexualité, a raconté à l’AFP le porte-parole d’Odessa Pride Kyrylo Bodelan.

« Encagoulés » mais n’affichant aucun emblème politique, « ils ont jeté plusieurs grenades sur les participants avant de s’enfuir. Personne n’a été blessé », a-t-il ajouté. Les homosexuels ukrainiens prévoyaient d’organiser samedi à Odessa une Gay Pride, mais celle-ci a été interdite jeudi par un tribunal local, saisi par le conseil municipal qui a dit craindre des violences.

Après cette interdiction, les organisateurs du défilé ont d’abord déclaré qu’ils allaient tout de même défiler dans des rues d’Odessa, puis, dans un deuxième temps, qu’ils renonçaient à cette manifestation.

Finalement, une poignée de militants ont manifesté samedi en ordre dispersé à proximité de la mairie, sur un boulevard rempli de passants qui leur ont lancé des regards réprobateurs, voire les ont parfois agressés, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Une vieille dame s’est ainsi ruée sur un manifestant, tentant d’arracher de ses mains la pancarte sur laquelle on pouvait lire « La dignité n’a pas de couleur ». Des policiers sont rapidement intervenus pour l’écarter.

Le projet de la Gay Pride à Odessa avait été mal accueilli notamment par le mouvement ultranationaliste Pravy Sektor, qui avait déjà attaqué le précédent défilé en juin à Kiev, incident qui a fait une dizaine de blessés. Pravy Sektor avait été très actif pendant la contestation proeuropéenne du Maïdan et participe actuellement aux combats contre la rébellion séparatiste dans l’est de l’Ukraine.

« Nous n’allons pas battre les gays, mais la marche n’aura pas lieu », a déclaré cette semaine le chef de file de Pravy Sektor à Odessa, Sergui Sternenko, cité par l’agence de presse Interfax.

L’administration régionale d’Odessa, dirigée par l’ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili, a pris ses distances par rapport à l’interdiction du défilé. Interrogé par l’AFP samedi, son service de presse a répété qu’une telle décision relevait des compétences de la municipalité et non des autorités régionales.

L’homosexualité, qui était punie par la loi en URSS, reste très stigmatisée en Ukraine, une ex-république soviétique où l’Église orthodoxe a une forte influence. Plusieurs tentatives de voter une loi homophobe interdisant « la propagande homosexuelle », similaire à celle qui existe en Russie voisine, avaient cependant échoué au Parlement ukrainien en 2012.

La première Gay Pride dans l’histoire de l’Ukraine indépendante avait eu lieu en 2013, réunissant près de cent personnes à Kiev. En 2014, la « marche de l’égalité » avait été annulée, la police ayant refusé d’en assurer la sécurité.

En 2015, le président pro-occidental Petro Porochenko a exprimé son soutien à la « marche de l’égalité », ajoutant toutefois qu’il ne souhaitait pas y participer.

[spacer]

>> Masked men on Saturday hurled smoke bombs into a venue in the Ukraine port city of Odessa where gay rights activists were to hold a forum after deciding against marching in defiance of a ban.

 

They threw « several » smoke bombs at the participants before fleeing, Odessa Pride spokesman Kyrylo Bodelan told AFP, adding that no one was hurt in the attack.

LGBT activists were planning to hold a forum on the history of the gay rights movement in the strategic Black Sea port city after a local court on Thursday banned the planned march over fears it could spark violence.

Bodelan earlier denounced the ban, saying it was « illegal and violates our constitutional right of assembly. »

A handful of activists demonstrated near the town hall in defiance of the ban, drawing taunts from passers-by.

An AFP correspondent saw an elderly woman trying to wrest a placard from one demonstrator that read « Dignity Has No Colour ». Police quickly intervened to defuse the confrontation.

Prominent extreme nationalist group Pravy Sektor (Right Sector) — once central to the demonstrations in Kiev that toppled a Russian-backed president last year — had voiced fierce opposition to Saturday’s event.

« We won’t beat the gays, but this march will not take place, » local Pravy Sektor leader Sergui Sternenko was quoted as saying by the Interfax news agency.

A gay pride march in the capital Kiev in June — the second in the nation’s post-Soviet history — was marred by scuffles after activists were attacked by far-right nationalists. Around a dozen people were injured.

The socially conservative country — locked in a bruising war with pro-Russian insurgents — is seeking a closer alliance with Europe and remains keen to promote civil liberties freely enjoyed in much of the West.

But homophobia remains rampant in a nation where the conservative Orthodox church wields considerable influence and nationalist far-right groups have grown more prominent.

Odessa regional governor Mikheil Saakashvili, the Westernising ex-president of Georgia, kept his distance from the controversy, with his administration insisting it was a matter for the city authorities.