Un bar qui organisait un drag show attaqué par des « soldats de Dieu » à Beyrouth, au Liban

Une quinzaine d’hommes se réclamant des « Soldats de Dieu » (« Jnoud al-Rab »), un groupuscule extrémiste chrétien, ont attaqué ce mercredi 23 août l’Om Barroom, un bar du quartier de Mar Mikhaël, haut lieu de la vie nocturne à Beyrouth, qui accueillait un drag show. Les employés ont fermé les portes de l’établissement pour protéger les dizaines de clients, mais plusieurs personnes auraient été blessées et il y a eu des dégâts matériels.

Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on peut entendre les individus scander des menaces, « on vous a déjà prévenu, et ce n’est que le début », « vous allez brûler en enfer », « cet endroit promeut le diable par la sexualité », etc.

Pour George Wardini, membre de l’organisation LGBT+ Proud Lebanon, cette attaque du bar démontre « comment le discours de haine peut facilement se traduire en violence organisée ». Et la campagne « d’incitation et d’intimidation » lancée par Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, puissant parti islamiste chiite, « a franchi les lignes politiques ». Il avait plusieurs exhorté les autorités à sévir contre les « relations homosexuelles », qualifiées d’« un danger réel ».

Aya Majzoub, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a également dénoncé auprès de l’AFP « une escalade alarmante dans les attaques contre les personnes LGBTI, faisant suite à des propos troublants tenus par des responsables politiques et des personnalités religieuses de haut rang ».

Rappelons que si le Liban, multiconfessionnel, semble plus « friendly » que d’autres Etats arabes, l’homosexualité y est toujours sanctionnée par la loi et les institutions religieuses continuent d’exercer dans le pays une influence majeure sur les affaires sociales et culturelles. A plusieurs reprises, ces dernières années, des événements pro-LGBT+ ont d’ailleurs été annulés. Et le mois dernier, neuf députés qui présentaient un projet au Parlement pour dépénaliser les relations homosexuelles ont tous été la cible d’une campagne de critiques.