Roy Moore, 70 ans, ancien président de la Cour suprême de l’Alabama, limogé pour avoir notamment refusé de se conformer en 2015 à la décision historique de la plus haute juridiction américaine et unir les couples homosexuels, ces « abominables corrupteurs d’enfants », qu’il aurait préféré incarcérer ou plus, est accusé par cinq femmes de « harcèlement » et « agression sexuelle », à la fin des années 1970, alors qu’elles étaient mineures.
Les faits allégués sont désormais prescrits, en vertu des lois de l’état sudiste, mais les victimes espèrent que la commission judiciaire du Sénat convoque une audition pour leur permettre de témoigner et « ne pas donner l’air de participer à une cabale politique ».
Certaines avaient tenté d’en parler mais Roy Moore était déjà substitut du procureur. Candidat à la sénatoriale du 12 décembre prochain dans l’Alabama, il a nié les accusations, affirmant dans un communiqué « ne pas connaître » les plaignantes.
Mais, lors d’une conférence de presse à New York, Beverly Nelson, aujourd’hui âgée de 55 ans, a prouvé le contraire, en présentant son album de fin d’année, dédicacé, le 22 décembre 1977, d’un mot très doux de « Roy Moore, DA » (pour « district attorney »).
Au mois de janvier suivant, il tentera de la violer, en la raccompagnant. Elle n’avait que 16 ans et s’est « furieusement débattue » avant que le magistrat, alors trentenaire, ne renonce et la menace : « Tu es une enfant, je suis procureur. Si tu racontes ça, personne ne te croira. » Elle était dans la même classe que la compagne de l’élu, qu’il a épousée huit ans plus tard.
Parmi les conservateurs, quelques-uns souhaitent encore le maintien de sa candidature, mais la quasi-totalité lui a retiré son soutien, appelant à son exclusion en cas de victoire. « La présomption d’innocence vaut pour les affaires criminelles, pas pour les élections », a ajouté l’ancien candidat républicain à la présidentielle Mitt Romney, convaincu par les témoignages.
Roy Moore était en tête des sondages contre le démocrate Doug Jones et refuse de céder.
Tout au long de sa carrière de magistrat, il aura statué en défaveur des couples de même sexe, dans ces affaires de garde d’enfants, estimant que « le comportement homosexuel d’un parent crée une forte présomption d’inaptitude qui suffit à justifier un refus ou retrait de l’autorité ».
Il a même précisé dans son jugement, déboutant une femme lesbienne qui dénonçait, avec « preuves substantielles », les maltraitances de son ex-mari à l’égard de ses trois enfants, que l’homosexualité était « odieuse, immorale, détestable, un crime contre la nature et une violation des lois de Dieu, sur lesquelles la nation et nos législations sont fondées. »
S’indignant d’une conduite « criminelle et destructrice » pour la société, il s’alarmait d’un « mal inhérent » aux homosexuels, contre lequel les enfants devaient être « protégés ».