Monseigneur Jacques Gaillot, sanctionné en 1995 par Jean Paul II en raison de ses positions très médiatiques en faveur notamment des homosexuels et de l’ordination d’hommes mariés, ne flanche pas ! Il a été reçu ce mardi, après 20 ans d’exclusion, et à la demande du pape François, devant lequel il a de nouveau défendu la cause des divorcés, des homosexuels, mais aussi des immigrés.
« Je ne viens rien vous demander, ai-je dit au pape, mais tout un peuple de pauvres est content que vous me receviez, et se sent ainsi reconnu. Ils en sont très heureux. Merci. »
« Très bien », lui a répondu le Pape qui a ajouté, selon Mgr Gaillot : « Le Christ frappe à la porte de l’Église mais pas de l’extérieur… de l’intérieur pour que l’on ouvre la porte sur le monde, sur l’humanité. Il veut sortir! »
« Je lui ai parlé (…) de malades, des divorcés, des homosexuels. Ce peuple attend beaucoup de vous »
Mgr Gaillot, 79 ans, en costume noir mais sans croix, a dit avoir été déstabilisé par l’accueil informel de François au Vatican : « J’étais dans un parloir de la Maison Sainte-Marthe (où réside le pape) et une porte s’ouvre : c’est le pape qui rentre, simplement. La réunion s’est passée de manière familiale, sans protocole. C’est vraiment un homme libre. »
En l’absence de photographe officiel cet entretien privé s’est conclu par une séance de selfie.
Le prélat français avait été relevé de ses fonctions à Evreux (centre de la France) et nommé évêque « in partibus » de Partenia en Afrique du Nord, un évêché n’existant plus : une manière de le sanctionner. Dans le cours de la conversation, Mgr Gaillot lui a raconté comment il avait béni récemment un couple de divorcés et qu’il lui arrivait aussi de bénir des couples homosexuels :
« Je suis en civil et je bénis. Ce n’est pas un mariage, c’est une bénédiction. On a le droit de donner la bénédiction de Dieu, on bénit bien des maisons! Le pape a écouté, il est ouvert à tout cela. A ce moment il a rappelé que bénir, c’est dire du bien de Dieu à des gens… » « Nous sommes frères», a commenté le pape : « ce que vous faites est bien. Personne n’est exclu de la bonté de Dieu. »
« En une carrière de journalisme politique je n’ai jamais vu une telle proximité, authenticité, simplicité », témoigne Daniel Duigou, aujourd’hui prêtre et curé de Saint-Merri à Paris (IVe), dans le marais, qui accompagnait Mgr Jacques Gaillot à la maison Sainte-Marthe du Vatican où réside le pape François qui les a reçu pendant « trois quart d’heure ».
Interrogeant directement Daniel Duigou sur l’accueil des « divorcés remariés » à Saint-Merri, le pape l’a aussi encouragé à continuer l’accueil des migrants. En français, langue de l’entretien, François a dit : « Les migrants, c’est la chair de l’Église. »
La conversation, qui n’a pas abordé les querelles passées de « l’affaire Gaillot », a évoqué un voyage en France, le pape confiant à ses interlocuteurs « préférer aller vers des petits pays qui ont besoin d’aide ».