A 62 ans, Michael Curry est le premier noir à diriger l’Eglise épiscopalienne, la plus traditionnellement associée à l’élite économique et intellectuelle blanche de l’histoire américaine. Seuls 4 % des fidèles épiscopaliens sont afro-américains, selon une récente enquête du Pew Research Center. L’intronisation officielle de cet évêque afro-américain à la tête de ses quelque 1,8 million de fidèles a fait sensation, le 1er novembre, sous les arches de la Cathédrale nationale de Washington.
“Ma grand-mère n’aurait jamais pu imaginer Barack Obama à la Maison Blanche et son petit-fils président de l’Eglise épiscopale.”
Le religieux, marié et père de deux enfants, est connu pour ses vues progressistes, au sein d’un mouvement traversé comme la plupart des Eglises historiques par des courants divers. Il fut l’un des premiers évêques à autoriser le mariage homosexuel en Caroline du Nord. Elevé par un père militant des droits civiques, il a, au long de sa carrière, mis l’accent sur la lutte contre les discriminations raciales, économiques ou éducatives. Son action auprès des pauvres, de même que sa jovialité lui ont récemment valu une comparaison avec le pape François dans le Washington Post.
Comme le chef de file des catholiques, il s’est promis de donner plus de « visibilité » à son Eglise. L’enjeu est de taille. Elle souffre depuis une vingtaine d’années d’une désaffection de ses fidèles les plus conservateurs. L’ordination d’évêques femmes et celle d’un évêque ouvertement homosexuel, en 2003, ont fini de détourner de l’Eglise épiscopalienne nombre d’entre eux. Depuis, elle a perdu 20 % de ses pratiquants et la décrue se poursuit.
« Mais Dieu n’en a pas encore fini avec l’Eglise épiscopalienne », a cru bon de rappeler Michael Curry lors de son installation. Avant de conclure son homélie d’un tonitruant « Don’t worry, be happy ! »